Automne 1959, Nouvelle Angleterre. L’académie Wilton est une institution scolaire réputée pour son austérité et son conservatisme. Cette année là, M. Keating, un professeur de lettres y enseigne d’une façon peu habituelle, essayant de transmettre des messages essentiels pour la vie de ses étudiants. L’amour de la vie et de la liberté sont son credo. Sa classe l’admire et suit ses préceptes, notamment le fameux Carpe Diem (Profitez du temps présent)…
Avec cette fable lyrique sur l’émancipation et l’amitié d’un groupe d’étudiants inscrits dans une école sévère, l’australien Peter Weir livre un film « générationnel » dans lequel le public et surtout les jeunes entre 12 et 18 ans se sont complètement reconnus. Juste dans sa description d’un univers à la morale rigoriste, Le Cercle parle bien sûr de l’importance de la poésie, du besoin indispensable d’exprimer son potentiel sans la moindre contrainte, et montre que l’enseignement philosophique des valeurs existentielles possède plus de poids que suivre laborieusement des méthodes toutes faites. Rebelle, vibrant d’espoir, le message véhiculé par le récit s’oppose à l’éducation fermée de certaines familles, ouvre l’esprit et permet une identification totale avec ses personnages. Empathie complète pour ce professeur libre dans sa tête et qui le paye cher puisque il sera licencié. Weir use par moments de « bons sentiments » si courants dans le cinéma américain, en revanche il le fait avec habileté en gommant la joie de vivre du début avec un ton plus tragique et ça fonctionne sans difficulté. Le film évoque dans ses dialogues des poètes aussi grands que Byron, Whitman, Shelley, Shakespeare sans jamais tomber dans l’énumération pompeuse qui se prétendrait faussement intello. Les critiques grincheux ont reproché au film son classicisme glacial, pourtant Peter Weir utilise sa caméra en osmose avec son scénario.
Dans un des rôles les plus emblématiques de sa carrière, Robin Williams laisse de côté son registre de comédie bien connue pour rentrer dans la peau de ce professeur anticonformiste, à contre courant de toute autorité pesante. Sa prestation apporte évidemment un atout incontestable à l’ensemble. Mais les jeunes comédiens Ethan Hawke, Robert Sean Leonard, Josh Charles pour ne citer qu’eux le secondent admirablement et savent creuser leur sillon. Ainsi, après avoir plongé au fond des océans avec Le Grand Bleu de Besson, le public adolescent fit un triomphe retentissant à ce Cercle qui obtiendra l’Oscar du Meilleur Scénario et mit en avant les séduisants idéaux d’une jeunesse en perte de repères. Il n’en fallait pas davantage pour marquer l’histoire du cinéma.
ANNEE DE PRODUCTION 1990.