Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse à son père Guillaume. Cependant, David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un bar restaurant au milieu de nulle part.
En à peine huit mois, c’est le troisième film de Quentin Dupieux à sortir sur les écrans! L’homme qui tourne et filme plus vite que son ombre réalise cette fois une comédie moins potache que d’habitude (quoique…) en mettant en place une mise en abyme autour du métier d’acteur. Il s’amuse à brouiller la frontière entre la réalité et la fiction, prolonge les « séquences » du film tourné à l’intérieur de l’intrigue pour nourrir le sien, nous désoriente tout en ne se prenant évidemment pas au sérieux. Le Deuxième Acte est donc un film sur le cinéma « en train de se faire », jouant avec les clichés autour des tournages forcément idylliques, ne craignant pas d’y inclure de bonnes engueulades et une ambiance « merdique ». Cela ne l’empêche pas de tenter un questionnement sur le rôle de l’Art, en brassant au passage quelques un des maux de notre époque comme les conflits mondiaux, la guerre à nos portes, ou bien encore l’Intelligence Artificielle. A la fois sur le ton de la blague et aussi en laissant transparaitre une inquiétude globale sur notre monde moderne. Dupieux se garde tout de même d’approfondir dans quelque chose qui tomberait dans du drame, car il sait parfaitement que ça n’est pas son « genre » tout simplement. Le réalisateur de Mandibules conserve son esprit irrévérencieux et son goût pour l’absurde (avec des limites plus marquées).
Les comédiens sont à la fête, d’autant que Dupieux les dirige au cordeau, sans brimer pour autant leur personnalité et son casting (bien vu) respire autant la cohérence que la forte sympathie. Il fait jouer à Vincent Lindon un acteur sûr de lui et de ses quarante ans de carrière, tout prêt à se laisser happer par les Américains ou bien donne à Louis Garrel un personnage de « séducteur irrésistible » à l’ego démesuré. Il retrouve aussi Raphaêl Quenard qu’il a fait connaitre avec Yannick l’an dernier et le jeune homme confirme tout le bien que l’on pense de lui. Enfin, Léa Seydoux, seul élément féminin, peut être applaudie pour son autodérision, jusqu’à s’entendre dire qu’elle « joue mal », brisant son statut d’actrice bankable. La surprise vient de Manuel Guillot en figurant tremblotant grâce à son jeu étonnant. Ce Deuxième Acte affiche un résultat final un peu contrasté: très amusant à 75% et pas entièrement emballant par ailleurs.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.