Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé et hélas inconsolable depuis le décès de sa femme Becca d’un cancer. Il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables…
Cinéaste toujours porté sur le fantastique, l’extraordinaire et l’étrange, David Cronenberg a bâti depuis cinquante ans une oeuvre passionnante, riche, et dans laquelle on dénombre plusieurs films majeurs tels que La Mouche, Faux Semblants ou Chromosome 3. Depuis une bonne dizaine d’années, son cinéma est devenu de plus en plus « conceptuel » et déroute littéralement jusqu’à ses plus fidèles amateurs. Ces Linceuls ne font pas exception à cette règle. Avec ce nouveau délire empreint de métaphysique et d’espionnage, Cronenberg s’approche au plus près du genre science fiction tout en ancrant son sujet dans des préoccupations actuelles (Intelligence Artificielle, espionnage industriel, études poussées sur le corps, etc…) et intrigue assez favorablement dans son démarrage. Ensuite, et en réalité au bout d’à peine trente minutes, le récit se perd dans un labyrinthe aussi tortueux que lassant (où il est question de conspiration avec des russes et des chinois!), nous abandonnant sur le bas côté. Par la faute d’une parlote abondante, de séquences incompréhensibles, Les Linceuls nous enterre progressivement avec eux. Par ci par là, on retrouve les obsessions habituelles que sont l’organique, les chairs mutilées (Crash, Existenz), le sexe comme moyen de réunir deux entités à priori irréconciliables. Hélas, la confusion générale de l’ensemble tournant beaucoup autour de la paranoïa finit par décourager l’auditoire.
Cronenberg retrouve Vincent Cassel pour la troisième fois, le laissant jouer un peu à sa guise et ne lui imposant apparemment que peu de cadres et lui adjoint Diane Kruger comme partenaire. Dans un double rôle (celui de l’épouse morte et celui de la soeur de cette dernière), l’actrice allemande ne se débrouille pas trop mal. Cependant, un sentiment inégal ressort aussi du casting avec un Guy Pearce écopant d’un personnage obscur qu’il interprète sans grande conviction. Le temps béni des films mémorables semble révolu pour Cronenberg, qui non seulement se répète invariablement mais accuse surtout une sérieuse fatigue. Vouloir à tout crin viser l’originalité est une qualité… si tant est que le voyage ne mène pas nulle part.
ANNEE DE PRODUCTION 2025.