LES TEMOINS

Eté 1984, Manu, 20 ans, monte à Paris pour chercher du travail et vivre son homosexualité. Il partage d’abord une chambre avec Julie, sa soeur chanteuse lyrique, dans un hôtel modeste. Dans un lieu de drague, il rencontre Adrien, un médecin quinquagénaire avec qui il se lie d’amitié. Par son biais, il fait aussi la connaissance d’un couple atypique: Sarah, une romancière en manque d’inspiration et son petit ami, Mehdi, flic. Bientôt, une liaison se noue entre Manu et Mehdi…

Les Témoins est à plus d’un titre un des films les plus importants et les plus réussis du réalisateur André Téchiné. Tout d’abord parce que le sens du romanesque de l’auteur de J’embrasse pas semble ici atteindre des sommets de fluidité, ensuite parce que cette évocation courageuse des premières années Sida (1984/1985) en France se démarque par sa faculté à informer, rappeler des faits, et les retranscrire de façon très documentée. Sans que pourtant le mot « Sida » ne soit d’ailleurs prononcé une seule fois dans le récit, comme pour « respecter » le tabou qui entourait cette maladie « mystérieuse » à cette époque là. Téchiné divise son scénario en trois parties distinctes, couvertes sur une seule année, scandées par les saisons (le premier été avec la découverte par le jeune héros de la capitale, son amour pour un homme bisexuel, l’hiver avec l’arrivée du virus dans sa vie et les désillusions affectives, l’été suivant marquant un recommencement pour les personnages, sauf pour lui qui ne sera plus là). Film choral, Les Témoins se penche sur des êtres en fuite, luttant contre leur solitude intérieure, leurs interrogations par rapport à l’amour et la vie, leur liens fonctionnant tantôt par l’amitié, le sexe, les conflits, la jalousie. La mise en scène, alerte, vivace, ne perd pas une seconde, comme en état d’urgence, ne permettant aucun temps mort.

Et quelle distribution à la fois cohérente, harmonieuse, bien pensée! En premier lieu, Michel Blanc, rappelant combien il savait être intense dans le drame, Emmanuelle Béart tourmentée, sensuelle, dans la plénitude de sa quarantaine, Sami Bouajila en flic amoureux se distingue particulièrement. Et puis, les seconds rôles, assurés par Julie Depardieu, sortie de ses deux succès chez Miller (La Petite Lili et Un Secret) et une révélation en la personne de Johan Libéreau occupant une place essentielle puisque c’est autour de lui que toutes les passions gravitent. Téchiné excelle dans l’intime, les trajectoires croisées et la beauté des élans fauchés en plein vol. Nul doute que ces Témoins reste, à ce jour, son dernier grand film.

ANNEE DE PRODUCTION 2007.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Le dernier grand Téchiné: par son scénario ample et courageux sur les débuts du Sida, par sa mise en scène alerte et émouvante. Interprétation de premier ordre (Blanc, Béart, Bouajila).

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