Mai 1968. L’histoire d’un amour fou entre un professeur, Daniele, belle jeune femme de 30 ans et de Gérard, 17 ans son élève. Daniele est une femme enflammée, très engagée politiquement. Les parents de Gérard s’opposent violemment à cette union et finissent par porter plainte pour détournement de mineur. S’ensuit alors pour les deux amants un cauchemar quotidien et un harcèlement inimaginable.
Ancien avocat du Barreau de Paris, André Cayatte est devenu cinéaste pour témoigner des drames humains et d’affaires qui l’ont révolté et chamboulé lors de sa carrière. Ce film là est sûrement celui qui déchaîna le plus les passions, il est inspiré d’un fait divers que l’on a appelé l’Affaire Gabrielle Russier et qui se passa seulement deux ans avant le tournage. Une professeure avait été accusée de détournement de mineur, et condamnée par la Justice à une peine de prison, et après cela l’acharnement des parents du jeune homme avait conduit la jeune femme au suicide. De cette tragédie, Cayatte tire une oeuvre aussi violente que bouleversante, aussi déchirante que généreuse. La réalisation avance pas à pas en montrant l’implacable machine judiciaire se refermer comme un piège sur deux êtres qui n’ont eu qu’un seul tort: celui de s’aimer. Nul besoin ici de demander à assister à des nuances ou à de l’a peu près! La tiédeur n’a pas sa place dans cette passion qui emporte tout sur son passage.
Le film, tout entier construit sur l’actrice principale, devait faire appel à une comédienne de haut vol et Cayatte n’a pas hésité une seconde à engager Annie Girardot, totalement impliquée, dévouée à ce rôle magnifque, qu’elle incarne avec ses tripes. Même dans les rares moments de bonheur que le couple vit, elle parvient à faire passer une douleur secrète et un drame poindre dans chacun de ses regards, inoubliables. Elle sera pour toujours assimilée à ce personnage, dont on dira qu’elle a rendu justice à la vraie Gabrielle Russier. Ce plaidoyer pour l’amour fou, quelqu’il soit, est une belle déclaration de tolérance, d’humanité, et en tant que tel, il n’hésite pas à dénoncer et à accuser la Société, sans ménager une certaine Justice, mais aussi la psychiatrie et le corps enseignant qui n’ont pas vraiment empêché cette tragédie. Mourir d’aimer fut un immense succès, fit beaucoup pleurer et reste encore 50 ans après, une des plus belles histoires d’amour du cinéma mondial.
ANNEE DE PRODUCTION 1971
