Robin Feld est un ancien chef cuisinier de Portland, devenu chasseur de truffes solitaire. Vivant dans une cabane au fond des bois, il chasse les truffes avec son précieux cochon fourrager. Il vend ensuite ces produits à Amir, un jeune fournisseur pour des restaurants hauts de gamme. Une nuit, Rob est agressé par des inconnus, qui lui volent son cochon. Il se met alors à sa recherche et va devoir affronter bientôt son lourd passé…
Sur un pitch plus qu’intrigant, Pig a fait le buzz dans divers festivals et s’est distingué comme un film « indépendant » très particulier. Il s’agit du premier métrage d’un jeune scénariste appelé Michael Sanorski, proposant un récit rugueux, présentant un « bon sauvage » hirsute, quasi muet, au regard à la fois mort et perçant, vivant reclus dans une cabane avec pour seul compagnon une truie truffière. Le film bascule très vite dans un semi thriller avec une violente agression et le vol de l’animal. A partir de là, le scénario plonge dans les méandres sinueux du passé de cet anti héros, revenu de tout, dont on ressent clairement la douleur intérieure. Sanorski, avare en explications trop hâtives et en dialogues signifiants, trace le chemin à suivre avec parcimonie. Des zones d’ombres et une certaine lenteur en gêneront sûrement beaucoup, c’est un cinéma qui ne s’offre pas immédiatement…
En toile de fond, l’idée de la nourriture de luxe servant indirectement de propos nous met l’eau à la bouche, mais la tristesse et le désir de vengeance du personnage vient quelque peu amoindrir notre appétit, surtout quand on constate comme lui dans quel monde de cupidité la gastronomie s’est échouée. Le film est tout entier porté par Nicolas Cage, presque un survivant du cinéma américain, incroyablement sobre ici et étonnant de justesse en vétéran fatigué et brisé. Sa performance a déjà contribué à la réputation du film, car à milles lieux de Mandy (un revenge movie sorti en 2018, dans lequel il en faisait des caisses), il épate par sa capacité à émouvoir. Malgré l’austérité apparente de Pig, il faut suivre de près les prochaines oeuvres de Michael Sanorski.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
