Croyant avoir tué son mari violent, gardien de la paix qui plus est, une jeune femme évaporée débarque chez sa voisine qui veut se suicider. Un type poursuivi par la police se joint à ce drôle de duo, ils prennent la fuite dans une voiture volée. La cavale sur les routes de France va occasionner bon nombre de mésaventures…
Après une dizaine d’années à faire l’actrice, essentiellement dans la Troupe du Splendid, Josiane Balasko a eu envie de passer à la mise en scène et signe là son tout premier long métrage, qui sera suivi de beaucoup d’autres. Au mitan de ces années 80, elle concocte un script de comédie décapante, avec un fond social miséreux comme c’était le cas dans La Smala. Elle nous entraine dans le parcours chaotique de trois marginaux, tout droits sortis de l’univers de Raiser: des franchouillards sans argent et cumulant les emmerdes et la malchance: une jeune blonde à côté de la plaque, une voisine paumée et à la dégaine craignos, et un petit truand pas méchant mais assez minable. Les dialogues fusent tels des scuds percutants, entre méchanceté et vulgarité assumée, et le langage cru évoque celui de Bertrand Blier, auquel on pense souvent. Balasko fait dans la comédie populaire et sans prise de tête, aidé à l’écriture par un certain Jacques Audiard (oui! oui! futur réalisateur de Un Prophète !).
La première heure surtout sort du lot et provoque une franche rigolade, avec toute une série de situations ubuesques et déjantées. Ensuite, le rythme est plus inégal et répétitif. Fort heureusement, les actrices nous régalent de leur complicité indéniable: Balasko elle même s’est donné le rôle de la voisine et c’est Isabelle Huppert qui lui fait face avec une aisance étonnante dans le registre comique, en Marilyn des HLM. Chez les garçons, le road movie voit surgir deux figures majeures trop tôt disparues: Farid Chopel et surtout Coluche dans un petit rôle savoureux, quelques mois avant sa mort. Il était salutaire d’apprécier ce film drôle et vachard, réalisé par une femme, ne respectant pas la bienséance et faisant preuve d’un humour trash, malgré la destinée peu reluisante de ces héroïnes.
ANNEE DE PRODUCTION 1985.
