Hunter, une jolie jeune femme, semble mener une vie parfaite aux côtés de son mari, qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif alimentaire, le Pica, consistant à ingérer des objets de diverses natures. Son époux et sa belle famille vont se mettre à épier ses moindres faits et gestes afin de contrôler qu’elle ne porte atteinte à sa vie et à celle du futur bébé. Quel secret se cache t’il derrière cette curieuse maladie?
Pour son tout premier long métrage, Carlo Mirabella Davis réussit le coup de force de traiter d’un thème quasiment jamais vu au cinéma, celui de cette maladie si particulière qu’est le Pica, mais en prime de garder le spectateur en haleine avec une mise en scène élégante, matinée de tension sourde et dérangeante. Le film met en place une perfection ambiante ( la maison s’avère un personnage à part entière avec son côté cage dorée plus effrayante que rassurante, l’extérieur filmé presque comme dans un songe vaporeux). Comme si nous étions en dehors du temps présent. L’héroïne semble flotter dans une vie qui n’est pas la sienne, et le vernis se craquelle au fur et à mesure d’un récit très maîtrisé et captivant. L ‘esthétique paraîtra sûrement un peu froide et aseptisée à certains, mais c’est justement là que réside la dimension unique de ce film si original.
Certaines séquences montrant Hunter avaler tout et n’importe quoi en toute conscience sont parfois difficilement soutenables, mais elles pointent du doigt une souffrance dont on ne mesurera l’intensité qu’au dénouement pour le moins surprenant. La jeune actrice Haley Bennett, aux faux airs de Jennifer Lawrence, compose un personnage secret, aliéné, cherchant désespérément à hurler son désarroi. Elle est sidérante de vérité. La finesse dans l’écriture, entre étrangeté et pamphlet implicite de la libération des femmes, participe au ressenti très positif que procure la vision de ce film pas comme les autres. Le cinéma américain est rarement capable de produire de tels Ovnis, il faut donc doublement saluer l’existence de Swallow et attendre avec impatience la seconde oeuvre de ce cinéaste audacieux.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
