Lambert, pompiste de nuit dans une station essence parisienne, rencontre un soir le jeune Youssef Bensoussan, petit dealer écorché vif. Une amitié nait entre eux.
Au départ , un roman noir d’Alain Page que le producteur réalisateur Claude Berri décide d’adapter dans le but d’offrir à Coluche l’occasion de jouer un rôle à contre emploi et de montrer sa facette tragique. Tchao Pantin est en effet un drame sombre accentué par la photographie de Bruno Nuytten et tourné essentiellement de nuit. Les teintes blêmes entrent en accord parfait avec l’état psychologique du personnage de Lambert, homme brisé, isolé dans une solitude insondable, noyant son chagrin dans l’alcool. Claude Berri va à l’os de son récit, aucune fioriture, décrivant un Paris assez déprimant, une ville où l’anonymat rend les relations humaines plus difficiles. Il évoque aussi les premiers effets du chômage et de la précarité, à travers le personnage de Bensoussan qui vit du trafic de drogue pour subsister. La première partie se concentre sur le lien naissant entre ces deux hommes et laisse poindre une lueur d’espoir que la suite du script va très vite anéantir. Les couleurs grises et bleutées, ainsi que les décors décatis (signés Alexandre Trauner ) participent à cette impression de lent pourrissement que le livre de Page décrivait très bien. Le drame social prend des allures de policier, dés que Lambert sort de sa torpeur pour devenir un justicier implacable et résolu. Tchao Pantin ne cherche jamais à être un film « aimable », il cultive même un aspect délibérément sinistre que l’on avait rarement vu dans le cinéma de Berri.
Si le film a acquis son statut d’oeuvre culte, il faut reconnaître que la « faute » en incombe donc à Coluche, clown comique bien connu métamorphosé ici en comédien étonnant, jouant le désespoir sans tricher. Il n’a pas volé son César du meilleur acteur et révéla une facette inédite de sa personnalité. Richard Anconina connaissait alors des débuts fracassants en petit dealer fragile et devint un des jeunes acteurs prometteurs des années 80. Quant à Agnès Soral, en punkette paumée au sale caractère, elle s’ouvre un horizon dans le paysage ciné qu’elle ne confirmera que médiocrement par la suite. Avec sa veine naturaliste et sa noirceur, Tchao Pantin a connu un carton public et critique, porté par un bouche à oreille très favorable.
ANNEE DE PRODUCTION 1983.



