Nell, une jeune femme en apparence « normale » mais en fait déséquilibrée, se voit confier la garde d’une enfant dans un hôtel, pendant que les parents assistent à une réception quelques étages plus bas. Rien ne va se passer comme prévu…
Sous contrat à la Fox dès ses débuts, Marilyn Monroe fut d’abord distribuée dans des seconds rôles de films fameux comme Eve, Quand la ville dort ou Chérie je me sens rajeunir, mais n’avait jamais obtenu jusque là de rôle principal. Avec ce huis clos inquiétant, à l’ambiance malsaine, la star planétaire se voit confier un contre emploi étonnant: celui d’une jeune baby sitter légèrement fêlée, dont les failles se révèlent au fur et à mesure d’une intrigue au départ assez anodine. Le réalisateur en charge s’appelle Roy Ward Baker, un exécutant du studio sans grand génie, qui parvient pourtant ici à installer un climat anxiogène, malgré le décor exigu de la chambre d’hôtel, où le gros de l’action a lieu. Ce drame psychologique, un genre encore pas très courant dans le cinéma américain, avec comme héroïne une femme aussi belle que névrosée fut un pari risqué pour la Fox, plus habituée à produire des comédies ou des romances sucrées. Le thème de la folie ou en tout cas du déséquilibre mental est traité de manière subtile, sûrement aussi à cause de la censure qui n’aurait pas autorisé de montrer des actes trop violents. On assiste à la maltraitance d’un enfant tout de même, mais Baker utilise aussi le hors champ, afin de ne pas trop horrifier le public.
Troublez moi ce soir n’est au final qu’un petit film de 1H16 à peine dans lequel on ressent une angoisse, bien que celle ci n’aille peut être pas assez loin pour vraiment déstabiliser. Grâce à son casting, il reste néanmoins très appréciable: Richard Widmark au physique avantageux, loin de ses westerns dans lesquels il brillait, Anne Bancroft pour son tout premier rôle pousse même la chansonnette et surtout Marilyn donc. Fragile, désemparée, semblant vaciller de tout son être à chaque instant, elle trouve là une belle occasion de démontrer ses capacités dramatiques, rarement exploitées ensuite. Pour elle, laissez vous troubler!
ANNEE DE PRODUCTION 1952.