Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de sortie de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
Devenu un réalisateur incontournable depuis une dizaine d’années, l’iranien Ashgar Farhadi confirme avec ce nouvel opus sa capacité à raconter des histoires, dans lesquelles l’humain a une place prépondérante, et comme souvent il confronte ses personnages à des choix, des dilemmes qui sont autant de rebondissements de l’intrigue. A nouveau, il prend un malin plaisir à rendre sa narration touffue ( bien que très construite), à nous emmener dans des chemins sinueux où il nous met en situation de « juge et partie ». Son récit social, raconté sans misérabilisme, nous touche parce qu’il met en valeur la notion de réputation au centre d’un système judiciaire et critique aussi ouvertement les dérives des réseaux sociaux, capables de dénicher les trahisons et les mensonges, autant que d’en amplifier leur portée. Ainsi, ce héros est un « naïf » doublé d’un looser, dépassé par les événements et prêt à tout pour retrouver sa liberté, sans toutefois y perdre sa dignité. La mise en scène est nette et sans esbrouffe, Farhadi sait filmer ses protagonistes, ne les lâchant pas d’une semelle.
Des réserves cependant sont à émettre du point de vue de la structure globale: certaines séquences souffrent d’étirement inutile et la démonstration du savoir faire un tantinet trop appuyée. Ce qui étouffe finalement un peu l’émotion, ou du moins la rend plus mécanique que dans Une Séparation ou Le Client. L’acteur Amir Jadidi, dont on peut louer la justesse, ne se départit jamais de son sourire lumineux, même lorsqu’il est acculé dans une malchance ou une injustice acharnées contre lui. Un Héros donne à voir la société iranienne dans son fonctionnement parfois ubuesque et peu compatissante. En tout état de cause, le Grand Prix du Jury Cannois décerné au film au printemps dernier ne doit pas être discuté. Il encourage par là même à faire perdurer la vitalité de ce cinéma, soucieux de susciter réflexions et émotions.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.