Anne, inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur, rencontre à Deauville Jean Louis Duroc, un coureur automobile, dont la femme s’est laissée mourir de désespoir. Ils se découvrent, s’attirent, s’aiment, se repoussent, et puis se retrouvent…
Après quelques années de vaches maigres et de films publicitaires, Claude Lelouch tente l’aventure du premier long métrage avec comme sujet principal un thème qu’il abordera les cinquante années suivantes: l’amour. Avec Un Homme et une Femme, il évoque une rencontre entre deux êtres blessés par la vie, leur découverte mutuelle et progressive, leurs regards et leurs gestes de plus en plus intimes, jusqu’à céder à leur attirance. Lelouch filme le sentiment amoureux en train de se nouer, avec sa caméra virtuose il les observe sans se faire intrusif et nous fait partager leurs battements de coeur. Bien sûr, son scénario tient sur un confetti, d’une simplicité désarmante et parvient à nous toucher parce qu’il semble collé à la vie et surtout à prendre un caractère universel. Les images passent du noir et blanc au sépia, selon que l’on se trouve au présent ou dans un passé raconté par les protagonistes eux mêmes: un procédé très commun aujourd’hui mais qui avait beaucoup de charme à l’époque. L’attrait du réalisateur pour le roman photo et les idylles amoureuses apparait ici dans sa plus belle évidence et il fait preuve d’un lyrisme qui ne verse pas dans le mélo. L’autre atout du film réside dans sa musique, ce « chabadabada » entêtant ancré depuis dans la mémoire collective, composée par Francis Lai et interprété par Pierre Barouh et Nicole Croisille. Lelouch prolonge à sa manière le style de la Nouvelle Vague (sans jamais y avoir été vraiment associé) en tournant en extérieurs (jolies séquences sur la plage de Deauville notamment).
Si l’ensemble paraît un poil daté, il n’en demeure pas moins que le film conserve sa force par l’alchimie de son couple vedette. Anouk Aimée, comédienne délicate révélée par Demy dans Lola et Jean Louis Trintignant (de plus en plus maitre de ses capacités) s’aiment sous nos yeux et nous croyons à leur histoire sans se poser de questions. Un Homme et une Femme a raflé les prix les plus prestigieux: Palme d’Or à Cannes, Oscar du meilleur film étranger, Golden Globe (film et actrice), un Bafta pour Anouk Aimée, etc, etc…: comme quoi, la modestie et la simplicité peuvent séduire critiques et public. Le cinéaste enfermera par la suite son cinéma dans ce genre des « hasards et des coïncidences », jusqu’à l’overdose.
ANNEE DE PRODUCTION 1966.