Quoique rejeté par toutes les Cours d’Europe et rallié par les armateurs, Christophe Colomb en est sûr: il existe une voie occidentale pour gagner par la mer les Indes fabuleuses et en rapporter beaucoup plus rapidement les épices dont sont friands les gourmets européens. Un armateur espagnol, Pinzon, puis le trésorier de la reine Isabelle, Sanchez, ainsi que la souveraine elle même, lui accordent pourtant leur confiance…
Pour commémorer le 500ème anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le cinéma se devait de proposer un biopic du fameux navigateur à la hauteur de sa légende. Pour s’y coller, Ridley Scott, alors cinéaste réputé pour ses solides oeuvres passées (Alien, Duellistes), raconte cette épopée humaine incroyable avec faste et gros moyens, utilisant son sens de l’épique avec assurance. 1492 s’avère une semi réussite, comme scindée en deux parties distinctes: la première reste la plus inspirée, nourrie par des images très fortes, un récit clair et ample, des enjeux nets, et une vision précise sur ce héros de l’Histoire. La seconde, trop longue, souffre de lourdeurs dans la mise en scène, Scott voulant trop en faire ne s’embarrasse pas de subtilité et cède à un style tape à l’oeil un peu énervant (profusion de ralentis inutiles, mouvements de caméra peu justifiés). Le réalisateur essaye en tout cas de voir au delà de la simple imagerie restant accroché à Colomb et lui « fabrique » une psychologie, des états d’âmes et des idées politiques. Intention louable pour tenter d’expliquer ce que « Nouveau Monde » signifiait vraiment pour cet aventurier un peu fou que personne à son époque ne voulait prendre au sérieux.
Scott parait plus à l’aise quand il s’agit de filmer un récit d’aventures dans des contrées sauvages inviolées jusque là que lorsqu’il doit traiter de la rébellion des indiens contre les colonisateurs, entrainant la violence que certaines séquences se complaisent à montrer. Soutenu par la musique majestueuse (et très présente) de Vangelis, le film compte aussi beaucoup sur son casting et avant tout sur Gérard Depardieu, campant Colomb avec toute la densité requise, un an après son triomphe dans Cyrano. A ses côtés, Fernando Rey, Angelina Molina, Tchéky Karyo et Sigourney Weaver en majestueuse Reine Isabelle de Castille ne déméritent pas, chacun dans leur registre. Ce biopic historique se laisse suivre avec un plaisir réel, malgré ses défauts, et constitue un grand spectacle ambitieux.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.