1932/1984
François Truffaut est un réalisateur français né en 1932, d’un père qu’il n’a pas connu et d’une mère peu aimante et paradoxalement autoritaire. Ses débuts dans la vie sont donc marqués par une enfance plutôt difficile et solitaire qui vont entraîner le futur cinéaste dans un état de rébellion et de besoin de s’évader très prégnants. Il aurait pu mal tourner et ses 400 coups (déja) de petit voyou le mener vers un destin moins glorieux, de maisons de corrections en petits larcins , rien ne pouvait prévoir qu’il deviendrait un des plus grands metteurs en scènes du 7e Art. Mais il est avide de savoir et de connaissance et va se plonger dans la lecture très jeune, les grands classiques (Balzac, Flaubert, Genet) le fascinent et bientôt ses nouvelles passions seront le cinéma et l’écriture. Il va rencontrer André Bazin qui lui permet de publier ses premières critiques de films dans la revue Les Cahiers du Cinéma, qui n’était pas encore l’Institution majeure qu’elle allait devenir. Son style provoquant, virulent envers certaines productions qu’il juge datées et démodées vont le faire connaitre. Et le cinéma qu’il fera n’est pas celui qu’il a défendu et aimé au cours de ses années de journalisme.
Son premier coup d’éclat sera donc l’illustre 400 coups qui fait l’effet d’une bombe à Cannes en 1959 et le font rentrer d’emblée dans la légende. Ce récit autobiographique avoué et assumé est déchirant de vérité et lance Jean Pierre Léaud qui deviendra son acteur phare jusqu ‘au bout. Ensuite, il entre dans le cercle très fermé de la Nouvelle Vague, dont il a très largement été le fer de lance, une manière de filmer et de raconter des histoires au naturel, en se débarrassant des contraintes du studio, et en imposant un style romanesque très fort. Jules et Jim sera un grand succès en 1962 et il ne cessera de s’intéresser à l’humain et à ses tourments amoureux. Il est dans l’observation de la vie quotidienne et l’étude de caractères (La peau douce, L’enfant sauvage, Baisers volés). Entre temps, il consacra du temps à rédiger un livre passionnant et qui fera date sur le travail d’Alfred Hitchcock, sûrement un de ceux qu’il a le plus influencé et marqué, avec Jean Renoir aussi.
Même si la dominante de son oeuvre est plutôt dans le genre sentimental, il fait aussi du thriller (La mariée était en noir, Tirez sur le pianiste, La sirène du Mississipi), mais avec moins de réussite, du moins le succès est il plus mesuré. Il fait souvent jouer les mêmes comédiens (Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Nathalie Baye et Léaud bien sûr), fidèle dans ses relations de travail et grand amoureux des femmes, d’ailleurs il fera un film qui s’appelera L ‘homme qui aimait les femmes (ça ne s’invente pas!). Son plus gros triomphe des années 70 sera La nuit américaine, un long métrage qui parle d’un tournage et de ses aléas et rend un hommage vibrant à la profession. Le film ira jusqu’à obtenir l’Oscar du meilleur film étranger. Puis, il fera encore des oeuvres importantes comme La Chambre verte (dont il jouera aussi le premier rôle), un film étrange et qui dénote puisqu’il parle d’un homme obsédé par la mort, jusqu’à y vouer un véritable culte.
Les dernières années sont marquées par deux chefs d’oeuvres absolus Le dernier métro (1980), où il revient sur l’Occupation allemande dans le milieu du théatre parisien (c’est un succès monstre avec 10 Césars et 4 millions d’entrées) et La femme d’à côté, un drame passionnel fabuleux, porté par son couple inoubliable Gérard Depardieu et Fanny Ardant (l’actrice sera sa dernière muse et compagne). Hélas, la maladie l’emporte à 52 ans, en 1984, alors qu’il avait encore tant de beaux films à faire, tant d’histoires à nous raconter. Une majorité de critiques et de jeunes cinéastes se réclament de lui et en font une figure majeure de la culture française. Il pensait et clamait que » les films sont plus harmonieux que la vie, qu’il n’y a pas de temps mort et qu’ils avancent comme des trains dans la nuit », ce qui suggère que sa vie personnelle ne fut pas de tout repos, il avait une violence en lui qu’il a canalisée et mise au service de son Art. En tout les cas, il est rentré dans l’Histoire et nous laisse une filmographie qu’il faut voir et revoir. Elle parle tout le temps de sa vie.