Dans une banlieue ouvrière du Sud de Londres, un adolescent, Jamie, vit avec sa mère, une femme assez rude et en couple avec un homme plus jeune qu’elle. Il s’entiche d’un de ses camarades de classe, Ste, qui lui n’a pas de maman et subit les violences quotidiennes de son père et de son frère. Leur attachement devient de plus en plus fort, il va falloir qu’ils se fassent accepter de cet entourage difficile pour préserver leur amour…
Cette jolie romance gay venue tout droit d’Angleterre a été réalisée par une femme, Hettie Mc Donald, et le moins que l’on puisse dire est qu’elle a fait preuve de beaucoup de sensibilité et de tact pour traiter son histoire, mélange de drame social et de douce comédie sentimentale. Un peu à la manière du cinéma de Ken Loach, le misérabilisme en moins, Beautiful Thing déploie des trésors de délicatesse en évoquant le quotidien compliqué de ce quartier défavorisé, où il faut se battre pour tout: bouffer, payer le loyer, se faire accepter avec ses différences. Cette approche rafraichissante et tellement juste de l’éveil à l’homosexualité donne un film subtil, sans pathos, et dont tous les personnages (y compris les seconds rôles) possèdent une humanité profonde. La réalisatrice met l’accent sur les rapports mère/fils, parfois empreints de dureté et d’incompréhension, et bien sûr sur le désir naissant de ces deux adolescents hésitants à franchir le pas, et qui veulent ensuite pleinement assumer leur amour. Il y a aussi un petit côté Billy Elliot avant l’heure dans la description de ces familles « incomplètes » où l’enfant doit trouver sa propre voie et dépasser sa condition.
Pour un premier long métrage, Hettie Mc Donald a su composer un scénario tout simple, entre humour anglais et peinture pointue de l’adolescence, et ce plaidoyer pour la différence quelque qu’elle soit (la jeune voisine black fan de Mama Cass est une autre superbe idée) coche toutes les cases les plus positives. Toute la distribution soulève l’enthousiasme, du plus petit rôle à ceux plus centraux comme la mère, interprétée par Linda Henry, une actrice britannique formidable que l’on a hélas pas revu par la suite (au cinéma du moins). En évitant la mièvrerie facile, le film parvient à émouvoir par son message de tolérance jamais racoleur (la cinéaste contourne les séquences « obligées » de sexe que l’on voit trop souvent dans les films traitant d’une histoire d’amour gay). Une vraie réussite devenue culte avec les années, à voir et à revoir sans modération.
ANNEE DE PRODUCTION 1996.
Absolument d’accord avec toi sur toute la ligne ! Un film qui a cette approche unique du désir et de l amour gay naissant sans le « cahier des charges » de cette categorie de film qu’on a tellement bouffé par la suite ! Intemporel !