BRAZIL

Sam Lowry est malheureux mais discipliné. Prisonnier d’une ville tentaculaire, régie par l’hostilité de tous contre tous, la peur de l’Etat et la consommation, il s’échappe en rêve, chaque nuit, du monde qu’il subit passivement le jour, au son d’une douce rengaine Brazil. Un jour, il tombe amoureux d’une femme qu’il n’a vu que sur un prospectus du Bureau des Déclarations dans lequel il est affilié…

Ancien membre des Monty Python, le cinéaste Terry Gilliam a construit une oeuvre singulière, un peu folle, où l’absurde côtoie autant le burlesque que le dérisoire et l’effervescent. Brazil reste encore à ce jour son titre le plus connu, le plus commenté, le plus dingo et sûrement aussi le plus original. Dénonciation comique d’une bureaucratie écrasante située dans un futur indéterminé (mais aujourd’hui tellement proche de nous!), Gilliam traite à la fois de la déshumanisation générale, du désordre cauchemardesque d’une société délirante, et ses personnages sont soit issus d’un Etat totalitaire et en font fonctionner les rouages, soit des terroristes oeuvrant contre ce système à coups d’attentats. Difficile d’accès pour un spectateur peu habitué à l’humour sombre et désespéré qui dégouline de partout, Brazil ne se laisse pas apprivoiser d’emblée et le scénario, aussi touffu soit il, mélange la comédie et la science fiction, en s’inspirant notamment du monde aliénant décrit dans les livres de Frantz Kafka. Le récit propose des jeux d’illusions (rêves ou réalité?), des délires ébouriffés (les interventions des services de pompiers par exemple), des trouvailles visuelles (le héros volant avec une carapace d’ange en ferraille comme pour se prémunir du danger environnant).

Gilliam se régale à déployer son patchwork constant en se moquant tour à tour des administrations niant l’individu, des vieilles dames obsédées par la chirurgie esthétique (fait visionnaire en soi, puisque le film a été tourné en 1985!), et un surréalisme bon enfant qui fait de cette satire noire une réelle invention de chaque instant. Au casting, Jonathan Pryce incarne cet anti héros dépassé et rattrapé quand même par son romantisme fou, tandis que dans des seconds rôles, Robert de Niro campe un pompier terroriste moustachu, une de ses compositions les plus atypiques de sa carrière, et aussi Bob Hoskins avant de connaitre la gloire en détective privé de Roger Rabbit. Pourtant, malgré toutes ses innombrables qualités, force est aussi d’avouer que ce film culte en son temps accuse les effets des quasi quatre décennies passées et que ce coup de vieux s’explique certainement par le fait que la poésie qui paraissait flamboyante à l’époque soit de nos jours « surfaite ».

ANNEE DE PRODUCTION 1985.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Projet atypique et joyeux bordel narratif et visuel, le film le plus fameux de Gilliam garde sa poésie tout en étant daté. A revoir malgré tout.

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