Deux hommes, un gynécologue et un commissaire de police, craquent soudainement et décident de fuir leurs épouses respectives. En fait, ils ne veulent plus aucun contact avec les femmes en général. Ils partent pour un coin de campagne isolée, pour vivre en autarcie, juste pour la bouffe et le sommeil. Le bonheur se trouve sûrement là, loin de toute femelle déchainée!! Mais la riposte du sexe dit « faible » s’organise pour les ramener dare dare dans le droit chemin…
Fort du succès des Valseuses, gros scandale à l’époque par sa liberté de ton, Bertrand Blier pouvait soit s’assagir, soit tenter de choquer encore plus les bonnes moeurs. Avec cet opus, il fait dans la comédie paillarde, nimbée de surréalisme, puisqu’il décrit un monde dans lequel les hommes seraient dégoûtés de la gent féminine, lassés de leurs désirs sexuels répétés et n’aspireraient qu’à une vie dédiée à la bonne chair et au plaisir du repos mental et physique. Sur ce canevas drôlissime et original, Blier trousse un récit d’une misogynie absolument affolante, un éloge aux bons vivants et à la bouffe (la plus grasse possible évidemment), d’une liberté incroyable et d’une audace encore jamais vue dans le cinéma français. Entre les gags visuels et les répliques savoureuses distillées avec bonheur, Calmos assume son propos décomplexé, à une époque où les mouvements féministes n’avaient pas le poids qu’ils ont aujourd’hui. Un film pareil ne pourrait être produit de nos jours.
Blier est malin, car malgré cette misogynie agressive et il est vrai à la charge lourde, il égratigne aussi volontiers la stupidité et la lâcheté masculine, les hommes en prennent ainsi pour leur grade avec un humour dévastateur. Le plus dérangeant au fond est que cette idée d’un monde dominé par les femmes accentue la solitude des mâles, jusque dans leur discours macho le plus effroyable. Les deux comédiens d’exception que sont Jean Pierre Marielle et Jean Rochefort font passer par leur truculence toutes les outrances, toute la vulgarité assumée des dialogues, et ils sont incomparablement drôles. Bien sûr, à se répéter quelque peu, le film faiblit un peu, avant un ultime quart d’heure, totalement délirant, où l’imagination de Blier touche au sublime! On est presque dans une comédie de science fiction que n’aurait pas désavoué Luis Bunuel. Cloué au pilori et mis sous le tapis, Calmos doit être redécouvert avec le recul qu’il mérite. Il fait depuis, heureusement, l’objet d’un culte auprès de cinéphiles avertis.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.