CANIBA

En Juin 1981, à Paris, Issei Sagawa, un japonais brillant suivant une thèse de littérature comparée défraya la chronique après avoir tué et dévoré sa petite amie néerlandaise Renée Hartevelt. Placé en détention préventive, il est soumis un an durant à une expertise psychiatrique mais ne sera pas jugé et interné dans une unité de soins à Villejuif. En 1984, il est extradé au Japon grâce à l’influence de son père, riche industriel…

Il fallait oser se confronter à pareil sujet et surtout trouver le bon angle pour le traiter et mieux qu’un film de fiction où la dramaturgie aurait ajouté à l’horreur, Verena Paravel et Lucien Castaing Taylor (des anthropologues auteurs de Léviathan) se sont rendus au pays di soleil levant pour rencontrer celui que l’on nomme « le cannibale japonais » et réaliser ce documentaire choc où il serait au centre de tous les regards. Leur parti pris: des longs silences effrayants succèdent à des gros plans de son visage comme si la caméra cherchait à entrer dans la psyché du « monstre » pour sonder son âme et tenter d’expliquer ses fantasmes anthropophages. Mais comment envisager ce qui dépasse l’entendement? Dans la première demie heure, notre regard ne peut se détacher du sien afin de comprendre les quelques phrases qu’il prononce pour raconter ses déviances (l’homme continue d’évoquer sa victime avec le même « amour » dévorant qu’il a eu le jour de son terrible passage à l’acte), puis des images de vidéo datant des années 50 montrent son enfance avec sa famille, son frère (avec qui il vit désormais), ensuite il présente un des nombreux mangas qu’il a dessiné décrivant toute la scène de son crime inimaginable. Cette séquence, à la limite de l’insoutenable, fait clairement pencher le documentaire dans un voyeurisme malsain, où la fascination et la répulsion entrent dans un duel permanent.

Caniba heurte, bouscule bien sûr notre approche et nos certitudes sur cette affaire, alors que le procédé de Paravel et Taylor tient juste au choc frontal et n’est pas dénué d’une certaine complaisance (à plusieurs reprises, la caméra s’attarde inutilement sur le faciès glaçant et leur montage aurait nécessité des coupes), l’utilisation de flous n’étant pas non plus toujours très heureuse. Mais au delà de ses réserves, l’effroi flotte constamment, une sidération tenace devant ce spectacle perturbant nous tord l’estomac, car le film se garde bien de tomber dans la justification ou la légitimation de cet acte fou. Pour aussi extrême qu’il soit, et même s’il est destiné à un public averti, il reste en tout cas impossible à catégoriser.

ANNEE DE PRODUCTION 2018.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
pertinence

CONCLUSION

Documentaire mettant en scène le japonais cannibale, dans sa réalité crue et une tentative d'approcher sa vérité, aussi horrible soit elle. Extrême au possible.

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