UNE FAMILLE

Documentaire entrepris par Christine Angot autour du drame de sa vie: l’inceste.

Dans ses romans les plus connus comme Le Voyage dans l’Est ou Un Amour Impossible, l’écrivaine Christine Angot racontait déjà sa propre expérience d’enfant abusée par son père lorsqu’elle n’avait que 13 ans. Avec la même rage et la même force, elle réalise aujourd’hui un documentaire choc autour de ce sujet si douloureux, devenant un complément par l’image de ses ouvrages. Par le biais du cinéma, elle redit la violence de cet inceste ayant dévoré son existence toute entière, jusqu’à cannibaliser les thèmes de sa littérature, au point d’avoir été clouée au pilori et cataloguée comme un auteur « à part », subissant le mépris de ceux qui préfèrent planquer ce tabou sous le tapis et de ne surtout pas en parler. Angot fait exactement l’inverse ici, puisqu’elle se confronte courageusement, viscéralement à son passé et surtout à ceux et celles qui ont entretenu le silence (sa mère, son ex mari, et surtout la seconde femme de son père). Pour ne plus laisser les portes se fermer, elle les force, avide de réponses, désireuse de comprendre les réactions de ceux qui étaient ses proches et qui ne l’ont pas protégé du « monstre ». A bien des moments, le film est bien sûr éprouvant, difficile à endurer, car la plaie à vif de l’écrivaine nous apparait face caméra, à la fois dans une impudeur totale et une urgence vitale de « survivre ». Brut, incisif, Une Famille dérange et bouleverse par sa crudité, en mêlant images d’archives en vidéo d’Angot maman, apparemment moins tourmentée et d’autres séquences d’affrontement verbaux qui restent les plus inconfortables évidemment.

L’émotion ne surgit pas de nulle part, elle vient au détour d’une phrase, d’un regard, d’un silence brisé, en tout cas rien ne semble factice, et donc ne peut que toucher infiniment. L’inceste demeure encore un tabou de notre société moderne, même si les témoignages se multiplient, que « la parole se libère » comme on dit, et que des voix s’élèvent pour nommer l’horreur de cet acte odieux. Par le biais de la fiction, Angot a déjà été adapté (Un Amour Impossible par exemple), mais malgré tout, cela restait toujours du domaine de la « fiction »: ici, le cri de révolte est réel, et si Une Famille est une oeuvre d’utilité publique, c’est surtout parce que justement la parole et les mots sont au centre de tout. Ils ne guérissent pas, mais ils apaisent un peu les ravages. Et surtout ils donnent à la victime une respiration supplémentaire pour continuer.

ANNEE DE PRODUCTION 2024.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Pertinence

CONCLUSION

Sous la forme filmée plutôt qu'écrite, Christine Angot passe d'écrivain à documentariste. Pleinement autobiographique et donc infiniment dérangeant, son film très fort est un uppercut nécessaire.

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