COUP DE TORCHON

En 1938, le policier Lucien Cordier est chargé de faire régner l’ordre à Bourkassa, une petite bourgade du Sénégal. Homme lâche et faible, il ferme les yeux sur les incidents agitant une petite communauté de colons dégénérés et d’autochtones soumis…

En adaptant un roman de Série Noire américaine signé Jim Thompson intitulé 1275 âmes, le réalisateur Bertrand Tavernier releva sans doute un des défis les plus difficiles de sa carrière. Transposant le récit dans l’Afrique coloniale d’avant guerre, Coup de Torchon retrouve les équivalences sociales et politiques du livre, comme le statut des Noirs, le racisme ambiant, la position des fonctionnaires et surtout reste fidèle à l’esprit du personnage principal: un flic sans envergure ni courage, veule, qui va passer de la soumission la plus totale à une violence tout aussi absolue. Se prenant un peu pour l’ange exterminateur, il va commencer à zigouiller tous ceux qu’il considère comme des nuisibles, et sans en éprouver une once de remords. Tavernier et son scénariste Jean Aurenche ont construit un scénario brillant, aux dialogues percutants, affichant un cynisme et un pessimisme rares. Dans cet univers désabusé, l’humour des réparties tranche un peu et rend le film totalement imprévisible, à l’image de ses personnages timbrés que l’on suit. Entre la fable mystique et l’intrigue mêlée de comédie noire et policière, Tavernier renoue avec la « patte » d’un Céline ou d’un Queneau et leur jugement souvent impitoyable sur l’humanité. La jubilation que l’on prend au film provient beaucoup de la galerie de « pauvres ères » rivalisant de méchanceté et de bêtise que le réalisateur filme dans toute leur médiocrité et incarnés par un casting aux petits oignons.

Tout d’abord des seconds rôles épatants tenus par Guy Marchand (idéal en beauf satisfait de lui même), Eddy Mitchell parfait en demi demeuré, Stéphane Audran antipathique au possible, l’irremplaçable Jean Pierre Marielle atteignant au sublime dans un double rôle de frères jumeaux. Et bien sûr le couple vedette: Isabelle Huppert, détonante dans un registre « ordurier » qu’elle n’avait pas encore exploré, et Philippe Noiret, centre névralgique, sorte de « fou de Dieu » réécrivant la loi à sa façon et trouve ici un de ses personnages les plus passionnants à jouer. Nihiliste, brut de décoffrage, et même ignoble (mais avec quel talent!), Coup de Torchon aurait certainement un mal fou à être produit aujourd’hui. Il reste en tout cas dans le haut du panier de la filmographie de Monsieur Tavernier.

ANNEE DE PRODUCTION 1981.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Tavernier transpose Jim Thompson à l'écran avec un scénario explosif et une mise en scène très vivante. Interprétation générale irréprochable, dont Noiret grandiose.

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