DANS MA PEAU

Esther, 30 ans, est une jeune femme gaie et ambitieuse, à qui la vie semble sourire. Un soir, lors d’une fête, elle se blesse assez gravement à la jambe, mais ne s’en aperçoit qu’après quelques heures. Cet incident, qui semble ne pas la perturber véritablement, va la pousser à pratiquer d’étranges expériences sur son propre corps…

Actrice et scénariste notamment pour Ozon (Huit Femmes), Marina De Van occupe une place à part dans le paysage français, surtout connue des cinéphiles et ayant marqué la critique avec la réalisation de son tout premier long métrage, placé sous le signe du drame psychologique. Inventant un personnage de femme en apparence épanouie qui développe une fascination morbide pour l’automutilation, Dans ma Peau annonce d’entrée la couleur avec son sujet gonflé, son audace formelle et sa maitrise impressionnante. Faisant un peu penser à l’univers de Cronenberg, elle flirte avec le fantastique, tout en faisant surtout l’étude clinique d’une névrose bien réelle, ancrée dans un quotidien et un réalisme du coup très dérangeant. Esther ne semble pas percevoir son malaise mental, son attirance pour la douleur corporelle qu’elle s’inflige dégoûte et interpelle tout le monde (son petit ami, sa meilleure amie) sauf elle, et elle continue à mener une vie presque normale. La seule séquence « fantasmée » a lieu au milieu du film, lorsque lors d’un repas, sa pathologie semble soudain moins brutale, plus « imaginée » que vécue, mais cet échappatoire n’est qu’un leurre et la suite réserve des moments beaucoup plus perturbants et même crus. Marina De Van tente d’éviter la complaisance que Dans ma peau pourrait entretenir pour « choquer » gratuitement et parvient à garder une distance créant un vrai malaise. Plongeant dans les tréfonds de l’âme humaine, cette oeuvre à ne pas mettre entre tous les yeux nous apparait surtout douloureuse, viscérale.

La réalisatrice s’est octroyé le rôle principal, qu’elle endosse avec un courage inouï, faisant d’Esther une femme fragile, déstabilisée, que l’on sent constamment tendre vers le désespoir muet. A ses côtés, Laurent Lucas, toujours abonné aux films « extrêmes », campe le petit ami désemparé et horrifié à la fois, tandis que Léa Drucker se démarque dans un de ses premiers rôles. Ne jouant pas la carte du gore juste pour « faire genre », Dans ma peau est sanglant, glauque, et pour le coup totalement inclassable. Sans doute peut on déplorer que la jeune cinéaste semble avoir eu du mal à trouver une conclusion à son histoire, mais globalement ce coup d’essai atteint largement son objectif: sortir du banal, récuser l’ordinaire et surtout surprendre.

ANNEE DE PRODUCTION 2002.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Déstabilisant et trash, un premier film d'une maitrise à saluer des deux mains! Marina De Van actrice et réalisatrice frappe un grand coup avec ce choc visuel et narratif. Seul léger bémol sur le "dénouement".

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