MARTHA

Alors que son père, dont elle dépendait beaucoup, meurt subitement d’une crise cardiaque, Martha fait la connaissance de Helmut Salomon, un type fascinant et étrange, dont elle devient bientôt la femme. Cet amour va osciller entre sadisme, masochisme, et Martha devient peu à peu son esclave…

Envouté depuis toujours et tout au long de son oeuvre par le mélodrame américain, le cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder en restitue l’essence avec la dureté, la radicalité en plus. Moins chaleureux que chez Sirk, son approche du mélo atteint des sommets de froideur avec Martha, une terrible histoire d’emprise masculine sur une femme se laissant délibérément enfermée dans une relation des plus toxiques. Martha est elle à ce point dépourvue de dignité et de confiance en elle? Devient elle cette victime presque par consentement masochiste? Est elle perdue dans son incapacité à être aimée pour elle même? Fassbinder se garde bien de répondre franchement à ces questions, observant ce duo maudit dans leur spirale autodestructive (hélas à sens unique, puisque c’est la femme qui subit tout), la vampirisation progressive s’échafaude par strates de plus en plus insoutenables et la violence subtile est distillée par une mise en scène inventive, jouant avec l’espace, enveloppant ces personnages comme pour les maintenir dans leurs névroses respectives. Le choix du nom de Martha Hyer n’a rien d’innocent, puisqu’il s’agit d’une ancienne starlette hollywoodienne oubliée (actrice chez Minnelli et Sirk justement) et l’auteur de Querelle pousse l’hommage jusque là! Un sujet brûlant d’actualité de nos jours emplit tout le film: la domination masculine et ses ravages. Fassbinder nous en offre sa vision féroce et sans concessions, rappelant au passage son aversion totale pour l’institution du mariage bourgeois.

Révélée dans Les Larmes Amères de Petra Von Kant, l’actrice allemande Margit Cartensen trouve ici un rôle d’une densité monstre auquel elle apporte sa force, ses nuances, son lâcher prise. Son partenaire, le mémorable Voyeur de Powell, Karlheinz Böhm fait preuve d’un jeu effrayant pour incarner ce mari sadique et manipulateur, tout en conservant un charisme diabolique. La cruauté de certaines scènes (le « bronzage » forcé, les morsures infligées, le chat martyrisé) ne sont presque rien en comparaison de la brutalité psychologique endurée par cette héroïne en pleine dépendance affective.. Une oeuvre difficile, une des plus traumatisantes de son auteur.

ANNEE DE PRODUCTION 1974.

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un des sommets de l'oeuvre de Fassbinder qui fait du mélo un plat qui se mange froid. Radical et dur. Margit Cartensen et Karlheinz Bohm géniaux.

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