Rosalie, une belle trentenaire, vit avec César, un homme riche et sûr de lui. Lorsque ressurgit David, l’amour de jeunesse de Rosalie, elle comprend qu’elle aime encore ce garçon doux et calme, aux antipodes de César. A la suite d’une violente dispute, la jeune femme part rejoindre David, laissant son amant désemparé. Mais ce dernier ne s’avoue pas vaincu…
Avec ce très beau film d’amour, Claude Sautet prolonge l’exploration des relations de couple qu’il avait brillamment amorcé avec Les Choses de la Vie , poussant encore plus loin le curseur dans la sensibilité. Il traite là d’un trio amoureux, composé d’une femme hésitante entre deux hommes aux tempéraments opposés, mais ayant chacun leur charme. Le film pose des questions cruciales: peut on aimer deux personnes à la fois? Comment gère t on ses sentiments et parvient on à trouver son équilibre, en évitant de faire souffrir ? Mais là où il y a passion et emportements du coeur, il y a souffrance, et même si le ton du récit démarre de façon plutôt joyeuse et légère, la gravité n’est jamais loin, Sautet n’a pas son pareil pour toucher juste et fort, afin d’émouvoir et jamais avec facilité ni mièvrerie. Ses dialogues sont très écrits et avec l’aide de Jean Loup Dabadie, son scénariste, il accouche d’une oeuvre captant les moindres frémissements, les regards complices, les non dits. Il parvient à rendre crédible et attachante l’amitié qui va naître entre les deux rivaux, à ne pas tomber dans les pièges du manichéisme, qui voudrait que fatalement, tout cela se termine forcément mal.
Inutile de préciser que comme d’habitude, il fait également la part belle à ses comédiens. En premier lieu, Yves Montand dont la grande gueule, la présence écrasante et le machisme cache une profonde vulnérabilité, Sami Frey plus discret, introspectif mais très séduisant et bien sûr la raison d’être du film s’appelle Romy Schneider. Sublime, déchirée, perdue et en même temps terriblement humaine. Aucune autre actrice n’aurait pu rendre sa Rosalie aussi magnifique et inoubliable. Elle était faite pour ce cinéma là: un cinéma exigeant, profond, et populaire à la fois. La partition de Philippe Sarde nous berce entre nostalgie, rêverie et toujours empreinte de douceur. Nous garderons pour toujours en mémoire la lettre bouleversante lue en voix off par Rosalie et cette dernière séquence, où sans mots cette fois, Claude Sautet nous offre une fin ouverte, libre de toute interprétation, car après tout, la vie a souvent plus d’imagination que nous.
ANNEE DE PRODUCTION 1972.