Paul et Myriam ont deux enfants en bas âge. Ils engagent Louise, une nounou expérimentée, pour que Myriam puisse reprendre le travail. Louise se montre dévouée, consciencieuse, volontaire, au point que sa présence occupe une place centrale dans la famille. Mais très vite les réactions de Louise deviennent inquiétantes.
Le roman, écrit par Leila Slimani; portant le même nom, fut un succès de librairie et obtint le Prix Goncourt en 2016. La jeune réalisatrice Lucie Borleteau s’empare de ce texte, inspiré lui même d’un fait divers racontant l’histoire d’une nounou en apparence volontaire et dévouée qui se révéla psychologiquement dérangée et capable du pire sur les enfants dont elle avait la garde. Ce drame social glaçant prend des allures de thriller dans lequel une angoisse diffuse occupe toute la place. La mise en scène et le récit, efficacement liés, dépeignent une héroïne fissurée de partout, en passe à tout moment de vriller totalement. Il est vrai que retranscrire ce malaise par des images n’est pas chose aisée et la cinéaste laisse de côté quelques subtilités que le roman parvenait mieux à exprimer avec des mots. Néanmoins, la tragédie qui se joue, inéluctable, n’en demeure pas moins déstabilisante.
A mille lieux de ses rôles comiques de fille sympa rigolote, Karin Viard incarne cette nounou terrifiante avec un sacré sens des nuances et sa prestation est tout à fait saisissante. Face à elle, Leila Bekhti incarne la mère aveuglée par le dévouement de sa nouvelle baby sitter et qui prend tardivement conscience que quelque chose cloche. Cette Chanson Douce, tendue et malaisante, est un complément plutôt réussi au livre très fort de Leila Slimani, qu’il ne faut pas manquer de lire séance tenante.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.