CHIEN

Jacques Blanchot a tout perdu: sa femme, son travail et sa maison. Son fils ne le respecte pas et le chien, qu’il vient d’acheter, meurt écrasé brutalement. Peu à peu, il devient étranger au monde qui l’entoure. Il va intérioriser les codes de soumission du chien et subir la domination de son maître, pour rester à l’abri de la frénésie et de la perversité des hommes…

Depuis ses débuts de metteur en scène et d’écrivain, Samuel Benchetrit a souvent réalisé des oeuvres singulières, en marge, et n’allant pas forcément dans le sens d’une démarche seulement « commerciale ». En adaptant son propre roman éponyme, on peut clairement dire qu’il monte d’un cran, composant une fable cruelle sur une chute sociale. Celle de son anti héros, un homme abandonné, perdant tout d’un coup, et finalement recueilli par un patron d’animalerie au comportement pour le moins brutal. Cette parabole sur les rapports de soumission et de domination interroge sur les travers d’une société déshumanisée, traitant ses citoyens « comme des chiens », méprisant les êtres les plus faibles. Le sujet et l’affiche du film au moment de sa sortie ont fait clairement peur au public, alors que Chien peut aussi se lire comme une comédie acide, aux situations ubuesques, où l’absurde devient progressivement dérangeant. Optant pour un traitement à la limite du surréalisme, l’auteur d’Asphalte souligne la solitude de cet homme candide, trop bon, incapable de se révolter, sans doute de façon un peu répétitive dans sa seconde partie, où la violence physique et morale qu’il subit est assénée avec complaisance.

Bien sûr, on est à des années lumière d’un film comme Didier dans lequel Alain Chabat devenait littéralement un chien, car il s’agissait là d’un prétexte de comédie pure, sans réflexion majeure derrière. La distribution, dominée par un formidable Vincent Macaigne, incarnant parfaitement ce « looser » écrasé par le destin, comprend également l’excellent Bouli Lanners, acteur belge abonné aux seconds rôles et laissant ici son empreinte en maitre chien violent et autoritaire. Enfin, Vanessa Paradis, d’habitude employée pour sa douceur et sa bonté naturelles, s’illustre dans un petit rôle d’épouse cruelle avec beaucoup d’intensité. Douloureux, glauque et assez déprimant, ce film mérite pourtant d’être découvert pour sa radicalité et son regard lucide sur un monde en perte de sensibilité.

ANNEE DE PRODUCTION 2018.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Féroce et dérangeante, cette comédie noire pointe l'inhumanité de notre société avec justesse. Vincent Macaigne superbe dans les scènes les plus difficiles.

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