En 1952, à Christchurch, en Nouvelle Zélande, la vie de Pauline Parker, adolescente renfermée, change avec l’arrivée dans sa classe de Juliet Hulme, une jeune anglaise intelligente et extravertie. C’est le début d’une amitié exclusive. A travers leurs jeux et leur complicité, les deux amies vont peu à peu se couper du réel, s’enfermer dans un imaginaire subversif et fomenter un terrible projet…
Avant de céder aux sirènes hollywoodiennes, le réalisateur néo zélandais Peter Jackson faisait du cinéma « à domicile », avec des budgets modestes et se spécialisait dans l’horreur gore, agrémenté d’humour trash (Bad Taste , Braindead). Il fut aussi l’auteur de ce film étonnant, entre drame psychologique et fantastique décalé, relatant un horrible fait divers survenu dans les années 50, et contant l’histoire de deux adolescentes, coupables d’un matricide. En tout premier lieu, il élabore son script autour de l’amitié plus qu’ambigüe naissante entre les deux filles, l’une aussi introvertie que l’autre est provocante et sans tabous, l’installation de leur relation est montrée sous des auspices joyeuses et touchantes (du moins au début). Le futur réalisateur de la trilogie du Seigneur des Anneaux impose d’emblée une esthétique aux couleurs vives, à la lumière éclatante, signifiant l’univers fantasmé et onirique dans lequel elles se réfugient, vouant un culte au ténor Mario Lanza et une fascination pour Orson Welles! Jackson abolit la frontière entre la réalité et le désir, au travers de séquences magnifiques, ressemblant d’ailleurs à un conte de fées. Sauf que tout doit basculer, et tout va basculer… vers le cauchemar!
Privilégiant les gros plans de visages (accentuant parfois de façon trop insistante les différents sentiments éprouvés par les personnages), le cinéaste filme une dérive progressive vers la criminalité et vers l’abominable meurtre, devenant le climax du film. Ces deux amies perturbées et luttant contre la volonté de leurs familles de les séparer sont interprétées par des actrices au charisme affolant: Mélanie Linskey d’abord, que l’on ne reverra hélas pas dans de grands rôles par la suite, et surtout la révélation totale en la personne de Kate Winslet, deux ans avant Titanic, et affichant ici une maturité de jeu hallucinante. En captant la folie, le désarroi et enfin la froide détermination de ces héroïnes maudites, Peter Jackson signe un film dur et implacable, dont l’issue funeste n’enlève rien à la beauté vénéneuse de ces envoutantes créatures.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.
Oui,
Certainement un de mes préférés de Peter Jackson période post King Kong ! J’ai découvert ce film après Titanic. Des que j’ai vu Kate Winslet dans le film de Cameron j’ai voulu voir tous les films qu’elle avait fait ou qu’elle ferait. Créatures célestes fut un choc pour moi ! Il l’est toujours ! J’attends une version HD de ce film ainsi que ses premières œuvres ! Très bonne critique de ta part, je n’aurai pas mieux dit !