Emilie, patronne d’un salon de coiffure à Sète, reçoit une lettre d’amour, aussi belle qu’inspirée, mais anonyme. Elle y jette d’abord à la poubelle, sans savoir que son auteur est Jean, un de ses employés. Elle s’occupe en parallèle de sa mère, Maddy, une femme d’une soixantaine d’années encore très belle, mais dépressive et isolée chez elle. Sans trop réfléchir, Emilie a une idée folle: retaper la fameuse lettre et l’envoyer à sa mère, pensant lui redonner un peu d’espoir dans l’amour…
L’auteur de Les Apprentis, Pierre Salvadori, a toujours cultivé un amour inconditionnel pour la « scewball comedy » américaine et avec cet opus, il tenait là une excellente occasion de lui rendre hommage et d’en tenter une transposition française. Son récit, basé sur une avalanche de malentendus, coche toutes les cases de la comédie de vaudeville: quiproquos, répliques joyeuses et percutantes, personnages cachant leurs sentiments, et situations drolatiques. Mené à un rythme trépidant, le film fait bien souvent rire, divertit véritablement et bien sûr émeut par son romantisme « ancien temps » distillé à juste dose. Salvadori aime ses protagonistes, ne les juge pas, les pare des pires défauts tout en les montrant attachants et leur maladresse touche évidemment notre corde sensible. Si les dialogues fonctionnent à plein dans la première partie, la magie opère un peu moins ensuite, quand les révélations s’enchainent et que les masques tombent. Mais qu’importe, les mensonges que l’on a pris plaisir à gober sont si délicieux qu’il faudrait être difficile pour faire la fine bouche.
La mécanique bien huilée marche également grâce au trio de charme tenant haut l’affiche. Audrey Tautou d’abord en héroïne mutine au bon fond mais capable d’être odieuse sans le vouloir est parfaitement à sa place, Nathalie Baye sensuelle en diable dans le rôle de sa mère et enfin Sami Bouajila, très peu vu dans ce registre comique dans lequel il se débrouille complètement. Les influences indirectes de Salvadori sont claires: Marivaux, Musset et un peu de Feydeau font de ces vrais mensonges un moment plus qu’agréable à passer. Si seulement les comédies françaises pouvaient toutes être de ce niveau…
ANNEE DE PRODUCTION 2010.