Germaine, une femme de ménage, travaille pour trois patrons différents. Tous ont quelque chose à se reprocher et des affaires louches en préparation. Elle décide de les faire chanter à sa manière pour arrondir ses fins de mois, rêvant d’une vie meilleure.
Sur une intrigue « policière » lorgnant du côté de la pochade et de la farce, le grand dialoguiste Michel Audiard a écrit et réalisé son troisième film, en mettant l’accent sur son don inné pour les répliques qui font mouche. Inspiré par un roman de Fred Kassak, force est de reconnaitre que le récit n’a pas grand intêret et les séquences s’enchaînent sans fil conducteur très solide. La mise en scène est quasi inexistante (Audiard ne manie pas la caméra comme son stylo, loin s’en faut!), et niveau strictement cinématographique, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Le talent est à chercher directement dans le travail sur les dialogues, pétillants et explosifs, incisifs et percutants. Une misanthropie et une verve populaire offrent à l’ensemble une réjouissante bonne humeur, et la vulgarité assumée de l’entreprise a tout pour faire grincer des dents le bourgeois.
Pour restituer des bons mots, il faut impérativement des interprètes de haut vol et de renom, sachant manier le verbe à la perfection. Tout le casting s’en donne à coeur joie, de Mireille Darc en présentatrice TV sexy et roublarde, à Bernard Blier en patron gentil au premier abord mais flingueur à ses heures, Catherine Samie, Sim et Jean Pierre Darras complètent le tableau dans des seconds rôles savoureux. Mais la reine incontestée du film c’est Annie Girardot, transfigurée, jubilatoire, dégainant des insanités avec une aisance folle. Elle a adopté le style Audiard qui semble avoir été inventé pour elle. Une très grande comédienne aux capacités comiques qui ne seront dès lors plus à démontrer. Du cinéma très léger et divertissant.
ANNEE DE PRODUCTION 1970.
