Juliette, orpheline belle et sensuelle, fait chavirer les coeurs dans le petit port de Saint Tropez. Trois hommes se disputent l’amour de cette fille de 18 ans, dont la soif de liberté est grande et qui redoute plus que tout les lendemains. Elle se décide pourtant à accepter la demande en mariage de Michel, un beau jeune homme du coin, persuadé de pouvoir la rendre heureuse…
A une époque où les femmes étaient encore consignées à domicile, bonnes à marier et à faire des gosses, puis à dépérir dans un foyer qu’elles devaient tenir à la perfection, le tout jeune cinéaste Roger Vadim fit exploser l’idée de l’émancipation de la femme et d’une certaine liberté sexuelle, ou en tout cas d’un relâchement des moeurs. Il inventa donc avec son complice et producteur Raoul Lévy un script racontant l’histoire d’une jeune femme libre, faite pour le plaisir et la séduction et devenant la proie de plusieurs hommes captivés par sa beauté insolente. Et il créa le mythe Brigitte Bardot dont ce fut le premier rôle d’envergure à 22 ans. Si en terme purement cinématographique, le film a pris un sacré coup de vieux, c’est tout d’abord à cause d’une narration hyper conventionnelle, pour ne pas dire plate, et d’un manque patent d’idées dans la réalisation. Vadim se contente du minimum syndical et ne cherche pas à briller par un style personnel. Sûrement assez scandaleux à sa sortie et représentant un défi à la morale et la bienséance, Et Dieu créa la femme n’a pas passé avec succès la rampe des années et accuse de nos jours un aspect vieillot et même un peu ennuyeux. La seule qualité majeure du film vient peut être de son tournage en extérieur (alors que le cinéma d’alors ne se faisait qu’en studio) et il reste une intéressante carte postale de St Tropez, avant que le lieu ne devienne affreusement touristique.
Et puis bien entendu, l’intérêt numéro un demeure BB. Sa sensualité et sa beauté éclatante submergent l’écran de bout en bout et le statut de star dont elle va jouir grâce à Vadim n’est pas usurpé. En bon pygmalion et mari, il la filme sous tous les angles les plus flatteurs, nue mais pudiquement cachée par un drap ou un paravent, en robe moulante trempée et dessinant à merveille ses formes parfaites. Sa moue boudeuse et son jeu très naturel l’ont fait rentrer dans la légende, bien plus que le film lui même! Et ce mambo entêtant qu’elle exécute devant le tout jeune Jean Louis Trintignant (troublé au delà du possible) équivaut à une danse endiablée, dans laquelle les hommes se perdent avec délice.
ANNEE DE PRODUCTION 1956.