Jessica est une jeune provinciale, fraîche et innocente, et monte à Paris pour y trouver du travail et faire sa vie. Tout l’émerveille, à commencer par les lieux qu’elle fréquente: l’Avenue Montaigne, Le Théatre des Champs Elysées, le Palais Royal. Elle y fait des rencontres hautes en couleur (une comédienne populaire, un pianiste qui étouffe dans ses conventions, une concierge en passe de prendre sa retraite)…
Scénariste puis réalisatrice, Danièle Thompson sait écrire des scripts à la fois légers et profonds, où elle fait intervenir plusieurs personnages, souvent passionnants dans leurs différences. On se souvient du coup d’éclat de La Bûche (encore son meilleur film à ce jour), à l’agréable Décalage Horaire, ou au plus inégal Le code a changé. Cet opus là fait partie de ses réussites plaisantes: encore un film choral, où plusieurs micro histoires se télescopent, en multipliant les situations convenues à d’autres plus insolites, et cette fois, elle pointe du doigt le parisianisme mondain, les quartiers de luxe et l’argent qui coule à flots, mélange les genres et les catégories sociales (l’héroïne est une modeste serveuse un peu nunuche, mais on trouve aussi des artistes, des seniors au soir de leur vie, une concierge sympathique et mélomane). Thompson décrit les états d’âmes de chacun, les coups de coeur des uns, les nostalgies des autres et nous entraine dans une ronde charmante et divertissante. De bons dialogues, une mise en scène un peu scolaire certes, mais la candeur de ce récit fait plaisir à suivre.
La pléiade de comédiens à l’affiche nous enchante d’autant plus que la cinéaste sait les diriger au cordeau! Cécile de France en jeune fille émerveillée par tout et tous est un cadeau tombé du ciel, Albert Dupontel parfait en pianiste blasé rêvant d’ailleurs, Claude Brasseur en sémillant amateur d’art et de jolies filles nous rappelle combien il était précis dans son jeu, et surtout Valérie Lemercier, une tornade de talent à elle toute seule, formidable de fantaisie comique. Et même tous les autres: Dani, Laura Morante, Guillaume Gallienne et Sydney Pollack (oui! oui!). Une touche d’émotion supplémentaire vient délicatement en la personne de Suzanne Flon (ce fut son ultime rôle hélas), et les derniers mots du film sont les siens. Comme un présage… Un joli moment de partage.
ANNEE DE PRODUCTION 20006.