Ennemies implacables, Madeline et Helen se sont toujours détesté et jalousé, sans cesse rivales en tout. Elles ont cependant en commun un combat: la recherche de la jeunesse éternelle, obsédées par leur image. Un jour, un élixir merveilleux doté d’un pouvoir inespéré va encore plus aggraver leur relation…
Le papa de Qui veut la peau de Roger Rabbit, Robert Zemeckis, s’attaque avec bonheur à la comédie fantastique déjantée et livre un film décomplexé, délirant et se paye au passage le luxe d’être une formidable satire sur la société des apparences. Les deux héroïnes, deux femmes belles mais horriblement dévorées par leur jalousie, leur cupidité et leur désir de rester à tout jamais figées dans leur jeunesse, s’étripent, s’affrontent à coups de phrases assassines et en viennent même aux pelles (!!), pour notre plus grand plaisir. Zemeckis ose tout, avec un humour mordant et limite trash, inhabituel dans son cinéma. Il donne un bain de jouvence (c’est le cas de le dire!) à la comédie américaine trop familiale et trop polie que le public plébiscitait dans les années 80. Son scénario nous déride, ne se prenant jamais au sérieux, et en réussissant à fustiger la chirurgie esthétique et ses dérives, à dénoncer la dictature du paraître dans lesquelles beaucoup de femmes se laissent enfermer. Cette farce est devenue culte également pour ses effets spéciaux démentiels (le corps troué à l’estomac, la tête élastique, le corps désarticulé se relevant après une chute mortelle dans l’escalier, etc…) et ses répliques vachardes très drôles.
Zemeckis pousse délibérément le bouchon très loin pour souligner le ridicule des situations vécues par ses personnages, même si on peut toutefois regretter qu’il ne soit pas plus féroce dans la critique de ces monstres féminins, proches du cinéma d’horreur. Sauf qu’ici, il s’agit de divertissement et de plaisir immédiat. Le duo d’actrices formé par Meryl Streep (tellement excellente aussi dans la comédie) et Goldie Hawn, irrésistible et complémentaire, est la pièce maitresse du métrage, sans faire d’ombre à leur partenaire masculin, Bruce Willis, inattendu dans un contre emploi total. Irrévérencieux et désopilant, le final assume jusqu’au bout sa dinguerie et déconstruit en beauté le mythe du « rester jeune à tout prix ». Toutes les actrices d’Hollywood et d’ailleurs peuvent revoir ce film pour les dissuader de se charcuter le visage et d’accepter enfin leur finitude. Et en rire un bon coup comme nous devant ce réjouissant jeu de massacres!
ANNEE DE PRODUCTION 1992.