Divorcée, deux enfants, Josey Aimes a quitté son mari violent pour revivre chez ses parents. Elle trouve un emploi dans la mine où son père travaille. Un milieu hyper machiste qui voit d’un oeil goguenard l’arrivée de cette nouvelle recrue. Les femmes subissent là des malveillances, des insultes, des intimidations permanentes et leur quotidien professionnel est un enfer. Josey décide de ne pas se laisser faire, jusqu’au jour où elle est victime d’une agression d’un des hommes du fief, que ce dernier nie en bloc… Elle va se battre envers et contre tous et aller devant la justice.
Quinze ans avant le mouvement #MeToo, une réalisatrice néo zélandaise méconnue, Niki Caro, s’est courageusement emparé d’un fait divers survenu dans le Nord des Etats Unis à la fin des années 80: la plainte déposée par une jeune femme, employée dans une mine et victime d’harcèlement sexuel par un groupe de « collègues » masculins. Seule contre son institution et ses patrons évidemment contre son désir de justice, Josey Aimes est un personnage idéal pour le cinéma et donne lieu ici à un film à thèse, un portrait féminin passionnant et au final une variation mélodramatique pour la dignité et les droits des femmes, en particulier dans le monde du travail. La cinéaste dénonce le sexisme et l’ignominie du groupe, la pression morale exercée par des hommes incapables de respect. La solitude de cette héroïne moderne, prise dans les rouages d’un système judiciaire peu enclin à la croire sur parole, est fort bien rendue par une mise en scène efficace et tout au service de sa narration.
Pour rendre son propos encore plus percutant, Niki Caro savait qu’elle avait intérêt à embaucher une actrice au tempérament affirmé et elle ne s’est pas trompé dans le choix de Charlize Theron. La comédienne, tout droit sortie de Monster et forte de l’obtention d’un Oscar, est admirable dans ce rôle qu’elle porte à bout de bras, avec ses tripes et toute la hargne nécessaire. Face à elle, une autre grande actrice joue avec autant de puissance une de ses collègues: Frances Mc Dormand brille par une performance également fantastique. Woody Harrelson complète le casting en avocat pugnace et Sissy Spacek en maman solidaire rappelle combien elle est une figure sur qui compter dans le cinéma américain. Bien que le dernier quart d’heure charge un peu la mule en séquences larmoyantes, l’ensemble nous a déjà conquis et ému, au point de nous sentir tous unis avec Josey Aimes.
ANNEE DE PRODUCTION 2005.
