Dans une cité des quartiers Nord de Marseille, un conflit entre deux bandes rivales est désamorcé par la bonne volonté de chacun et l’esprit d’entraide…
A la base prévu pour n’être qu’un simple téléfilm, ce cinquième long métrage de Robert Guédiguian va passer la case du grand écran et ravir autant ses fidèles de la première heure que de nouveaux spectateurs, découvrant son écriture et sa verve si particulière. N’oubliant jamais d’être grave, il préfère cette fois mettre la comédie en avant, au travers du personnage du curé, joué avec délectation par un impayable Jean Pierre Darroussin, commentant avec joie les péripéties des habitants de sa chère cité. Bien sûr, les petites gens de ce quartier défavorisé luttent comme ils le peuvent contre l’adversité et leur manque de moyens, mais se débrouillent toujours pour en tirer quelque chose de positif. Et le film leur ressemble: il est impertinent, enjoué, audacieux, traitant aussi bien de la délinquance, de la drogue ou du Sida, sans apitoiement. Beaucoup d’humour émaille les dialogues de ce récit à la « Robin des Bois », dans lequel le credo de chacun est de prendre aux riches pour redonner aux pauvres. Rétablir l’équilibre et s’unir dans une solidarité salutaire. Un thème récurrent dans l’oeuvre de Guédiguian, communiste convaincu, et qui trouve ici son point d’orgue avec bonheur.
Ces laissés pour compte du capitalisme sont attachants, donnent à cette fable humaniste un côté doux amer, et la présence des enfants apportent un grain d’innocence dans un monde cruel, où les désillusions prennent trop souvent de place. Toute sa troupe d’acteurs habituels est réunie (Gérard Meylan, Jacques Boudet, Darroussin donc et sa muse de toujours Ariane Ascaride, toujours extraordinaire et rappelant l’abattage d’Anna Magnani), ils incarnent tous des personnages pittoresques, constamment dans la vie et dans la vérité. Un air frais flotte sur le cinéma français avec cette comédie qui fait du bien et qui annonce d’autres grands films à venir du cinéaste marseillais le plus doué depuis Pagnol.
ANNEE DE PRODUCTION 1993.
