AccueilCritiquesComédie dramatiqueLE MARI DE LA FEMME A BARBE

LE MARI DE LA FEMME A BARBE

Antonio, Napolitain de 40 ans, vit modestement dans le cinéma ambulant. Un jour, dans un hospice, il rencontre Maria, pauvre fille née avec une pilosité anormale et abondante. Lui faisant miroiter une vie meilleure, il décide en fait de l’exploiter dans un numéro de foire. Le temps passe, Maria s’éprend d’Antonio qui l’épouse, surtout pour ne pas perdre son gagne pain. Il vient de recevoir une proposition alléchante d’un imprésario, lui promettant des cachets mirobolants…

Dans les années 60, le cinéma italien fourmillait de talents et de réalisateurs audacieux qui faisaient un cinéma atypique, osé, et qui ne plaisait bien sûr pas au tout venant. Marco Ferreri était de ceux là, et sortait du lot par son goût prononcé pour la provocation et les sujets controversés. Il s’inspire là du cas de Julia Pastrana, une véritable « femme singe », ayant existé au 19ème siècle et en tire une comédie grinçante, aux allures de satire féroce. Dénonçant l’exploitation d’une femme certes laide mais profondément humaine, le film ne verse pas dans un trop grand sérieux, et on y trouve un humour dédramatisant le propos, en soi cruel. Le plus monstrueux des deux est évidemment cet homme cupide et paresseux, incapable de vrais sentiments, et Ferreri n’est pas tendre dans son portrait masculin, même s’il dote du personnage d’Antonio d’un certain charme. Le scénario évoque l’aliénation de cette femme, tel un objet à but lucratif, sans tomber dans le misérabilisme, et a l’intelligence d’éviter le mélodrame pesant.

On retrouve dans le ton le fameux cynisme des comédies italiennes de Dino Risi, où les hommes sont de vrais goujats et les femmes des quasi saintes, amoureuses absolues. Le profit tiré de l’anomalie et le voyeurisme malsain qu’elle provoque fut déjà traité avec force dans Freaks et plus tard dans Elephant Man. Le film reçut un accueil très hostile à l’époque (1964) et sa fin d’origine (plus sombre et triste) fut modifiée pour la sortie française. Le final « arrangé » est hélas très conventionnel, même s’il a le mérite de rendre à Maria sa dignité. Dans ce rôle ingrat, Annie Girardot demeure la raison numéro un de revoir cette oeuvre. Elle est bouleversante derrière son maquillage de poils disgracieux. Cette grande comédienne n’avait peur de rien et sa prise de risques est ici totale.

ANNEE DE PRODUCTION 1964.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

De l'humour féroce pour faire passer le drame sous jacent. Ferreri dirige une Annie Girardot stupéfiante..

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