Pendant la sécheresse de 1976, dans une campagne reculée de la France profonde; Gus, un jeune garçon quitte l’enfance: les sentiments s’exacerbent, la nature se désagrège, le noyau familial éclate. Lui assiste à tout ce chamboulement et tente de faire face, perdant au passage une bonne partie de son innocence.
Les récits initiatiques sur l’enfance ne manquent pas dans l’histoire du cinéma, il faut pourtant un vrai talent pour rendre compte des ressentis de jeunes gamins devenant trop vite conscients des duretés de la vie, comme dans Jeux Interdits ou Le Grand Chemin. D’origine suisse, la réalisatrice Delphine Lehericey situe son récit au milieu des années 70, dans une région champêtre et dans une ferme tenue par un couple avec trois enfants, confrontés aux problèmes de rendement de leur production de volailles. A cela, elle rajoute une histoire d’adultère (la mère noue une liaison homosexuelle avec une femme divorcée), elle opte pour le point de vue du jeune garçon, témoin de ces « événements ». La torpeur et l’ennui nous submergent assez rapidement, faute à une réalisation terne, à un traitement à peine digne d’un téléfilm, et d’enjeux franchement pas folichons. La cinéaste ne transcende jamais son drame familial, et pire l’aseptise totalement, par manque d’ambition ou par paresse (?).
Le monde rural a donné de belles oeuvres récemment (on se souvient de Petit Paysan et surtout Au Nom de la Terre), mais là tout ou presque reste en surface, juste à l’état d’ébauche. La colère intérieure de l’enfant (très signifiante avec des plans répétitifs sur son visage fermé et buté) fait écho à la rudesse du père de famille (bon travailleur, piètre mari finalement cocu, bref on nage en plein clichés!) et seule la mère laisse entrevoir une lumière associée à la canicule écrasant les personnages. Jusqu’ici actrice correcte, ce n’est pas encore cette fois que Laetitia Casta va gagner ses galons de tragédienne.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.
