Leila et Damien s’aiment profondément et vivent avec leur petit garçon, Amine. Mais Damien est atteint d’une forme de bipolarité assez grave et fait régulièrement des crises, du fait qu’il ne suive pas son traitement correctement. Son état rejaillit forcément sur le couple, car Leila prend tout en main pour l’aider et le soutenir, bien malgré lui. Mais après une énième rechute, la jeune femme n’en peut plus, voyant que la situation dégénère…
En 2014, Joachim Lafosse fut l’auteur d’un très beau film sur les difficultés d’un couple à gérer leur différents financiers, L’Economie du Couple, au scénario très poignant et pertinent à la fois. Il reprend le thème de l’amour contrarié, cette fois en traitant, au beau milieu des sentiments installés, de la bipolarité, cette terrible maladie « invisible » à l’oeil nu, et qui ravage la vie de ceux qui la subissent (le patient ainsi que l’entourage). Justement le plus formidablement touchant ici est la description sans concessions et avec beaucoup de justesse des dommages collatéraux causés par ce mal mental. Insidieusement, le récit nous amène à éprouver le déséquilibre du personnage principal, ainsi que l’impuissance de l’héroïne à le sortir du trou, voyant pour elle un vrai péril à leur amour. Lafosse tisse un drame puissant, prenant, et étouffant où chaque séquence semble vouloir nous happer vers le vide, jusqu’au vertige. On ressent l’imprévisibilité des situations, la fragilité d’une relation aussi forte soit elle quand elle est mise à l’épreuve du basculement de l’exaltation à l’abattement, chez cet artiste torturé qui ne se voit pas décliner.
Le réalisateur prend son temps pour décrire l’inexorable descente aux enfers, et il sait de quoi il parle puisque ce drame a touché sa propre famille. On sent le vécu transpirer de ce récit difficile, mais jamais plombant. La qualité des interprètes est à mettre en avant sans la moindre réserve. Leila Bekhti trouve un de ses rôles les plus forts jusque là, en épouse au bout du rouleau, folle d’amour et d’inquiétude, son jeu est bouleversant. Et la grande surprise vient de Damien Bonnard, acteur discret et criant de vérité dans son vrai premier rôle: composer à l’écran une maladie mentale peut être vite casse gueule, et lui s’en tire avec les honneurs. Vraiment dommage que ce très beau film n’ai pas retenu davantage l’attention des jurés du dernier Festival de Cannes. Malgré l’inconfort qu’il suscite, foncez le découvrir séance tenante!
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
