SAINT CYR

Fin du XVIIè siècle. Madame de Maintenon, épouse secrète du roi Louis XIV, crée l’Ecole de Saint Cyr, afin d’y accueillir 250 jeunes filles de la noblesse ruinée par les guerres successives. Son but avoué est d’en faire des femmes libres grâce à une éducation d’avant garde. Mais une représentation d’Esther de Racine, donnée par les demoiselles devant la Cour, va venir bouleverser son projet…

Découverte avec son premier film Peaux de vaches, singulier mais un peu décevant, la réalisatrice Patricia Mazuy affiche une belle ambition avec Saint Cyr: celle de dépoussiérer le film historique traditionnel et de donner une image plus moderne, une vision plus brûlante de la Cour du Roi Soleil. Elle évite tous les pièges du film en costumes (même si l’on en voit de très beaux!) et plonge plutôt dans la psyché complexe et paradoxale de la compagne du Roi, Madame de Maintenon. A travers son portrait, nous assistons à l’oeuvre de sa vie: l’éducation de jeunes filles destinées au départ à devenir des femmes émancipées, sauf que son caractère dur, sa frustration personnelle vont la mener vers un chemin bien plus sombre: celui de l’intégrisme et la folie mystique. Sur un scénario aux temps forts, rythmé par la partition entêtante de John Cale, et sans s’embarrasser de psychologie mièvre, le film déroule un venin tranquille, dans lequel les personnages se heurtent, se soumettent puis se révoltent.

L’importance du théâtre et des textes jugés trop « permissifs » et pourtant ouverts au monde (ici ceux de Racine) est souligné avec beaucoup de justesse, Patricia Mazuy montre la portée que les mots peuvent avoir dans l’esprit de jeunes filles encore bien innocentes et novices. Il y a sûrement quelques longueurs un peu regrettables, et la cruauté de la Maintenon peut sembler par moments exagérée, mais globalement le récit maintient son cap jusqu’au bout, se penchant sur les sentiments les plus divers: la résignation, la haine, la fascination, et la rebellion. A noter des cadrages d’une beauté particulière et une interprétation magnifique d’Isabelle Huppert, campant une femme aux deux visages,  pleine de contradictions, quelque part entre l’humanité et la monstruosité. Ses partenaires masculins, Jean Pierre Kalfon et Jean François Balmer, lui tiennent la dragée haute avec grandeur. Quant aux jeunes filles de l’institution Saint Cyr, elles sont également dotées de talent, même si aucune n’a confirmé par la suite. Le film a reçu le Prix Jean Vigo.

ANNEE DE PRODUCTION 2000.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Entre le film historique et le drame intimiste, voici un bel ouvrage savamment écrit et réalisé. Isabelle Huppert une fois encore impériale.

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