TRE PIANI

Les destins croisés de trois familles vivant sur trois étages dans un petit immeuble de Rome.

Tre Piani est le treizième long métrage de Nanni Moretti, qu’il adapte du roman de l’israélien Eshkol Nevo. Sur un scénario construit autour de trois récits finissant par se télescoper, le film retrouve le ton doux amer cher au style du cinéaste italien, bien qu’ici ce soit clairement l’amertume qui l’emporte. Avec le temps et l’âge, son côté sombre domine davantage sa narration et par exemple, les figures paternelles sont mises à mal avec trois pères au tempérament soit trop strict, soit trop inquiet, soit trop effacé. Les protagonistes sont tous rongés par des sentiments négatifs comme la culpabilité, la mauvaise conscience, le doute ou l’angoisse et Moretti ne masque aucun de leurs travers, avec une placidité un peu froide. Le psychodrame donne le beau rôle aux femmes par contre (la mère désemparée de devoir choisir entre garder son mari et ne plus parler à son fils, la jeune femme mariée à un homme constamment absent et devant élever son bébé toute seule), par moments le trait et donc l’émotion semblent plus forcée qu’à la grande époque de La Chambre du Fils et la mécanique consistant à établir une lente réconciliation générale fait légèrement artificielle.

Toutefois, la lucidité profonde et la mélancolie du regard porté sur ces êtres nous touchent assez pour les suivre durant les deux heures de projection. Leur difficulté à s’aimer ou à vivre ensemble a quelque chose d’universel et comme le récit s’étend sur dix années, on mesure mieux comment les uns et les autres ont réussi (ou pas) à évoluer dans leur vie. Bénéficiant d’un casting très intelligemment dirigé, le film doit beaucoup aux actrices Marguerita Buy et Alba Rohrwacher, mais aussi à des acteurs plus chevronnés comme Riccardo Scamarcio, Adriano Giannini et évidemment Nanni Moretti lui même dans le rôle le plus « dur »: celui d’un vieux juge intraitable, si aveuglé par sa rigidité qu’il en oublie toute compassion. Contrairement à Palombella Rossa ou Le Caïman, on ne trouve presque aucun humour: Moretti est devenu plus sec, plus noir. Peu importe, chez les grands auteurs comme lui, même quand ils n’aboutissent pas à une éclatante réussite, ils ont assez de talent pour se hisser au dessus de la mêlée!

ANNEE DE PRODUCTION 2021.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Moretti abandonne la tendresse pour aller vers un récit sombre en trois axes. Distribution sans fausse note. Une réussite, même si moins incontestable que d'ordinaire.

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