Philippe Lemesle et sa femme, Anne, se séparent: un amour abimé par la pression du travail subi par Philippe. Cadre performant dans un groupe industriel, il ne sait plus répondre aux injonctions incohérentes de sa direction. On le voulait hier dirigeant, on le veut désormais exécutant. Il doit trouver un nouveau sens à sa vie et à ses priorités.
Après deux oeuvres choc et très bien reçues par le public, La Loi du marché et En Guerre, le réalisateur français Stéphane Brizé réitère dans sa critique grinçante du monde du travail. Avec ce nouveau film, il explore les arcanes d’un grand groupe d’électro ménager menacé par un plan social et pointe du doigt les techniques édifiantes du management moderne. Des techniques, issues du capitalisme galopant, broyant l’individu et les salariés, et que Brizé dénonce avec lucidité et courage. Dans un style toutefois plus sec que dans les deux opus cités plus haut, et surtout en mettant au centre du récit le langage! Belle ambition que de privilégier la parole avant toute chose, mais ici cela donne une impression de bavardages incessants, finissant par devenir un poil indigestes. Certes, le scénario appuie précisément là où ca fait mal, avec le poids écrasant des décideurs et l’impuissance des syndicats: c’est du cinéma, mais sur un sujet que l’on entend quotidiennement au JT, avec toutes ces entreprises forcées de licencier pour plus de rentabilité.
Brizé tombe quelque peu dans la complaisance mélodramatique en évoquant les dommages collatéraux sur la famille et surtout sur la vie de couple du protagoniste, totalement détruite par une pression professionnelle insupportable. Heureusement, il reste les acteurs: Vincent Lindon (toujours très bon avec sa mine fatiguée, mais n’étonnant plus vraiment dans ce registre si familier pour lui) et Sandrine Kiberlain, émouvante en épouse au bout du rouleau. On peut tout à fait préférer la radicalité terrible de En Guerre, même si cet opus dit bien des choses essentielles sur notre époque déshumanisante. Pour cela au moins, cet Autre Monde justifie qu’on s’y arrête.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.
Merci Olivier pour cette opportunité de découvrir ton site et une autre critique . J’ai trouvé Marie Drucker fabuleuse dans le rôle d’une cadre dirigeante totalement inhumaine et à la limite de la perversité . Probablement parce que j’en ai croisé dans mon propre parcours professionnel !
Merci Petiot pour ton commentaire bienveillant, ca m’encourage à continuer. Oui Marie Drucker s’en sort fort bien pour un premier rôle, j’aurais pu en parler dans mon texte.