Jacques, quinquagénaire dépressif, vit mal sa récente rupture avec Constance, la femme de sa vie. Pour tenir propre son appartement, il engage Laura, une jeune femme de ménage de 20 ans à peine, sérieuse et motivée. Mais peu a peu, leur relation évolue… Surtout quand Laura demande à Jacques de l’héberger.
En dehors de ces grosses productions bien connues du cinéma français comme Germinal ou le diptyque Jean De Florette/Manon des Sources, Claude Berri avait également un certain talent pour tisser des chroniques intimistes où il disséquait avec sensibilité la solitude des êtres, leurs émois affectifs. Adapté du roman de Christian Oster, Une Femme de Ménage est le type de film à gagner lentement mais sûrement les coeurs avec d’infinis détails. Le script part d’un argument ultra simpliste ( un homme solitaire rencontre une jeune fille s’occupant de tenir son appartement au propre), puis déroule son petit air tendre d’une romance qui ne dit pas son nom. Laura bouleverse la vie et les certitudes de Jacques, lui redonne goût à la vie et embellit son présent… pour le temps que cela va durer! Berri glisse ensuite dans le désenchantement amoureux, l’amertume qui laisse des vagues à l’âme et des bleus au coeur. Sans effet mélodramatique appuyé, l’auteur d’Uranus privilégie les non dits, les regards éloquents et la mélancolie prend le dessus. En filmant le quotidien grisâtre de ce couple atypique dans un Paris ancré dans le réel, puis en les faisant évoluer au bord de la mer où le bonheur paraît si simple et dénué de complications, Berri fait un cinéma d’une beauté discrète.
Et bien sûr quelle joie (et aujourd’hui hélas quelle tristesse!) de voir ce tandem délicieusement assorti, constitué de Jean Pierre Bacri, acteur génial et pas seulement râleur comme on l’a souvent trop dit (mais émouvant avec très peu de « jeu visible ») et de la fraîche et douce Émilie Dequenne, révélée trois ans plus tôt avec Rosetta. La jeune actrice déploie un naturel désarmant et illumine littéralement le film. Tous deux partis bien trop tôt, ils font exister leurs personnages et rehaussent une mise en scène contenue. Et malgré une fin rapide, l’émotion, elle, répond présente!
ANNEE DE PRODUCTION 2002.