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VOYAGE A TOKYO

Un vieux couple de provinciaux, vivant à Onomichi, petit port au Sud du Japon, se rend pour la première fois à Tokyo, en visite chez leurs enfants. L’accueil que ces derniers leur réserve est profondément décevant et le couple se sent indésirable. Aussi bien chez leur fils, un médecin de quartier surchargé de travail, que chez leur fille, revêche et cupide et qui préfère demander à sa belle soeur, la douce Noriko et de leur faire visiter la ville pour les occuper…

Voici LA pépite définitive du grand cinéma japonais. Yazujiro Ozu, maître du drame familial des années 30 à 60, atteint ici au sublime avec cette chronique douce mais surtout amère d’une famille de japonais moyens. Avec sa narration simple et assumant sa lenteur, le film est constitué principalement de plans fixes avec une caméra installée près du sol, observant tel un chirurgien d’âmes les personnages de cette histoire universelle et aux accents de vérité constants. Raffinement de la réalisation, minimalisme général, ambiance feutrée, regard dépouillé de tout jugement moral, tels sont les ingrédients miraculeux d’Ozu. Chez lui, on aime doucement, on pleure doucement, on meurt doucement aussi. A ce titre, après plus d’une heure trente de séquences où l’on échange d’apparentes banalités (mais où le silence se charge d’en dire bien plus long), la mort inattendue de la mère apparait comme un événement aussi naturel que cataclysmique.

Durant tout le métrage, on assiste à la désintégration des liens familiaux, l’évolution des générations et surtout l’imparable rouleau compresseur du temps qui passe. La qualité contemplative du regard porté par le cinéaste du Goût du Saké , ainsi que l’absolue beauté des plans, portent à un niveau très élevé cette oeuvre poignante et d’une richesse infinie. Bien au delà de l’ingratitude des enfants, du dévouement de la belle fille veuve, se dessine aussi en arrière plan une peinture fine et lucide de ce qu’est devenu le Japon, juste après la guerre. Une nation pétrie d’égoïsme, emportée par le matérialisme ambiant, rompant les cycle naturels de la vie. Les interprètes d’Ozu, souvent les mêmes et fidèles, sont tous excellents, mais deux se démarquent nettement du lot! Chishu Ryu, extraordinaire en père vieillissant au calme olympien et la jeune Setsuko Hara (une star du ciné nippon) campe une jeune bru dévouée et très attachante. Le final, empli d’une mélancolie discrète et dénuée de sentimentalisme, met une touche supplémentaire de finesse à un ensemble de haute volée. La façon dont la sérénité aboutit à l’inévitable serre le coeur. C’est juste beau à pleurer.

ANNEE DE PRODUCTION 1953.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Toute l'essence du génie de Ozu condensée en un seul film. Miraculeux, simple et beau.

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