XIIIe siècle avant JC, le peuple d’Israël est retenu contre son gré en Egypte et réduit à l’esclavage. Selon une prophétie, un enfant sauvé des eaux est destiné à renverser le pharaon et à libérer les opprimés. Devant cette menace, le fils ainé de chaque famille est condamné à être tué sur ordre de Ramsés II, le souverain en place…
L’Histoire de Moïse et de l’Exode selon l’Ancien Testament avait déjà été porté à l’écran en 1923 par Cecil B. De Mille, certainement le réalisateur le plus ambitieux qu’Hollywood ai connu avec ses gros budgets et ses films épiques. Plus de trente ans après, il réadapte partiellement sa propre version muette et signe un remake grandiose fondé sur la tradition des historiens anciens ou des commentaires rabbiniques. Ce grand spectacle, présenté en introduction par De Mille lui même (l’ego n’a pas de limites!), construit le modèle du prophète libérateur et propose une leçon de morale opposant les justes aux forts, les faibles aux puissants, la volonté de Dieu à la raison d’Etat. La production dantesque justifie à elle seule le Cinémascope, ultime innovation technique que De Mille se sera appropriée avant de disparaitre. Les effets spéciaux fantastiques pour l’époque enrichissent les morceaux de bravoure comme la Mer Rouge se retirant au passage des Hébreux et se refermant sur leurs ennemis ou Moïse au Mont Sinaï recevant la Table des Commandements. Parfois naïf, kitsch aussi par la flamboyance presque exagérée des couleurs, l’insistance à filmer des danses lascives certes appréciées de tous, cette oeuvre titanesque s’érige telle une statue d’Or au panthéon des classiques dans le genre historique. Allégorie luxueuse contre tous les totalitarismes, Les Dix Commandements peut aussi se lire comme une charge ouverte contre le communisme et contre l’Union Soviétique, personnifiée par la dictature de Ramsés, d’autant que le film est sorti en plein Maccarthysme et que De Mille ne cachait pas ses opinions conservatrices.
La légende fut également construite par le casting éblouissant composé des stars les plus « bankables » du moment: Yul Brynner en Ramsés, Anne Baxter en Reine Néfrétiri et bien entendu Charlton Heston en Prince d’Egypte d’origine juive et sauveur de son peuple, illuminé par la Voix du Seigneur. Pour le reste, Yvonne de Carlo, Vincent Price, Edward G.Robinson, John Derek, etc etc… brillent dans des rôles plus modestes mais non moins importants. Bien sûr, en comparaison des trucages numériques modernes, ceux de 1956 vont paraitre datés aux nouvelles générations (le Buisson Ardent a des allures de grosse lampe halogène), ils obtinrent pourtant l’Oscar des meilleurs effets visuels. Cette machine de guerre, septième plus gros succès de tous les temps, défie encore la raison et soulève une question pertinente: et si Cecil B. De Mille n’était tout simplement pas l’inventeur du blockbuster?
ANNEE DE PRODUCTION 1956.