Après presque 15 ans, la célèbre chanteuse pop Becky Del Paramo revient à Madrid et retrouve sa fille Rebeca, qui s’est mariée avec un de ses anciens amants, Manuel. Becky comprend vite que cette union est un naufrage voué au divorce, surtout lorsque Manuel lui propose de renouer leur relation. Une nuit, Manuel est assassiné…
Entre le déjanté Femmes au bord de la crise de nerfs et le décevant Kika, Pedro Almodovar a signé LE film de sa maturité artistique. Sur un scénario brillantissime qui assume ses invraisemblances, le réalisateur espagnol navigue entre la comédie déconcertante et le drame poignant. Il emprunte même ouvertement la voie du mélodrame, quitte à se servir des influences du cinéma américain, et plus spécifiquement celui flamboyant de Douglas Sirk. Des couleurs criardes (le rouge est partout!), une musique déchirante, et la quintessence des sentiments les plus expressifs et bien entendu, le tout avec son style bien à lui: entre rires et larmes, le film nous plonge dans une relation mère/fille complexe et magnifique, sûrement une des plus belles de tout le 7e Art. Affichant sa jumélité (jusqu’à le citer) avec le chef d’oeuvre de Bergman Sonate d’Automne , il s’autorise par petites touches quelques notes d’humour incongru, parmi des séquences d’une implacable émotion.
La rigueur dramatique l’emporte sur les outrances et la tendresse de ce face à face féminin nous touche en plein coeur, par sa vérité d’une incroyable puissance. Les autres personnages comme celui du travesti Létal amène une touche plus légère qui s’avérera essentielle à l’intrigue. Almodovar a engagé son interprète d’Attache Moi, la piquante Victoria Abril, pour jouer la fille et elle trouve là un de ses plus beaux rôles. Dans tous les registres, elle est irrésistible. Face à elle, Marisa Parédes compose une mère à la fois attachante et toxique avec une sidérante intensité. Les deux tubes issus de la B.O « Un ano de amor » et « Piensa en Mi » contribuent également à la réussite globale de ce film. Du cinéma plus beau que la vie, dont il est impossible de se lasser.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.