Victor Valance, père de famille, la cinquantaine superbe, plaque tout et part pour les Bahamas. Après quinze ans d’activités mystérieuses aux quatre coins de la planète, il revient sur Paris sans crier gare dans la vie de ses trois filles, dont l’ainée Pauline est devenue une brillante polytechnicienne et s’est occupé de tout le monde depuis son jeune âge…
Avec seulement huit films réalisés entre 1965 et 2014, Jean Paul Rappeneau détient le titre de cinéaste le moins prolifique du cinéma français. Mais quels films! Du Sauvage à Cyrano, du Hussard sur le Toit à La Vie de Château, il sait aussi bien raconter des histoires épiques que nous régaler de comédies virevoltantes. Tout Feu Tout Flamme fait clairement partie de ses oeuvres débridées, sympathiques, menées bon train et destinées au plus large public. L’opposition de deux personnages, un père et sa fille ainée, comme moteur de l’intrigue ne brille peut être pas par son originalité, mais le récit alerte, les coups de gueule, les gentilles disputes et les moments de tendresse se succèdent à un rythme endiablé, ne laissant guère de place à l’ennui. Les situations abracadabrantes et nettement tirées par les cheveux se multiplient dans une seconde partie sûrement moins efficace, Rappeneau cédant à une volonté de rajouter de l’action à une intrigue de comédie déjà suffisamment fournie. Les protagonistes secondaires (la mémé, les deux soeurs et l’amante américaine) parviennent à exister malgré le noyau central père/fille, ainsi que la Nature, souvent utilisée par Rappeneau comme le lieu où les gesticulations des uns répondent à l’hystérie des autres. Ca court dans tous les sens, ca se poursuit, ca donne des claques et ca casse des vitres : des règlements de comptes bruyants pour une famille divisée que l’absence de figure paternelle a fragilisé.
Tout Feu tout Flamme repose bien sûr à 150% sur son couple vedette. Yves Montand retrouve son réalisateur du Sauvage et campe ce père défaillant et secret en y ajoutant son côté séducteur bien connu, poussant même la chansonnette. Isabelle Adjani, alors en pleine gloire, se confronte à lui du haut de ses 25 ans, de sa sauvage beauté et de son jeu très extraverti. La surenchère de ses cris et pleurs pourra peut être en irriter certains, en tout cas son personnage de jeune fille ultra rigide du début évolue vers davantage de « douceur » par la suite. Les voir réunis tous deux à bicyclette cheveux au vent et le sourire franc aux lèvres suffirait largement à recommander chaleureusement cette pétillante comédie.
ANNEE DE PRODUCTION 1981.