Nina et Madeleine sont profondément amoureuses l’une de l’autre. Aux yeux de tous, elles ne sont pourtant que de simples voisines de palier, au dernier étage de leur immeuble. Au quotidien, elles vont et viennent entre leurs deux appartements, car Madeleine n’a pas assumé son homosexualité et ne l’a pas avoué à ses deux enfants, Anne et Frédéric. Jusqu’au jour où un événement tragique va faire tout basculer…
Les amours homosexuelles, masculines et féminines, sont de plus en plus représentées et traitées au cinéma, de plus en plus librement et avec une audace souvent bienvenue. Il est beaucoup plus rare d’assister à une histoire où les protagonistes sont des femmes âgées et en ce sens déjà, ce tout premier film de Filippo Meneghetti sort du lot et atteint le haut du panier par sa sensibilité particulière. Bien sûr, raconter une simple histoire d’amour sans nuages ni obstacles serait presque plat scénaristiquement parlant, et Deux prend presque des allures de thriller quand on comprend que cette liaison est tenue secrète de tous, que les circonstances vont mettre en péril ce fragile équilibre et que la cellule familiale de l’une des héroïnes va éclater, en même temps que la vérité. Véritable hymne aux sentiments absolus et ne cédant pas à du mélo gratuit, le film compose le portrait de deux amoureuses défiant le temps, la maladie, le qu’en dira t’on, et rend cette romance très touchante. Meneghetti oppose la douceur de cet amour et la violence des situations vécues, montrant combien l’âge n’altère en rien les effusions passionnelles, l’entêtement du coeur quand il sait qu’il a raison.
Deux ne serait sûrement pas aussi émouvant sans le concours des deux comédiennes choisies et révélant une superbe complicité. Martine Chevalier, plus habituée des planches puisque elle est sociétaire de la Comédie Française, donne joliment la réplique (et les échanges de regard) à la trop rare Barbara Sukowa, une actrice allemande vue chez Fassbinder et Lars Von Trier et magnifique en amoureuse obstinée. Leur face à face est enrichi par la présence de Léa Drucker, toujours juste, passant du dévouement à la sidération, puis à l’incompréhension. Le César du Meilleur Premier Film fut attribué à Deux et ça n’est que justice! On attend désormais que Filippo Meneghetti confirme tout le bien qu’on pense de lui.
ANNEE DE PRODUCTION 2019.
