A Montpellier, Dog et Mirales partagent une amitié virile. Le premier est plutôt réservé et taiseux, le second un fort en gueule qui le charrie constamment. Quand Dog se met en couple avec une jeune fille, Elsa, leurs rapports deviennent plus conflictuels. Les deux potes s’affrontent…
Voici le tout premier long métrage d’un jeune cinéaste d’à peine trente ans qui a connu un succès surprise l’an passé et remporté deux Césars très récemment. Chien de la casse décrit une amitié masculine entre deux jeunes, en apparence très différents (l’un semble assez cultivé et curieux, l’autre plus introverti et « brut de décoffrage ») et voient leur lien se transformer quand l’un d eux se met en couple et attise la jalousie évidente de l’autre. Durand étonne surtout par un côté très authentique, quasi documentaire, et une véracité sert indéniablement le propos. Ceci étant dit, le scénario en tant que tel est ténu, n’éclaire pas véritablement sur les situations familiales des protagonistes et manque de développement dans sa narration. De même les seconds rôles sont plus esquissés que creusés, un fait dommageable qui laisse un peu le spectateur frustré d’en savoir et d en voir plus. Même en ne désirant garder que l’essentiel de cette amitié sans l expliciter (on ressent la tendresse mutuelle à deux ou trois reprises), Durand aurait pu étoffer l’histoire pour obtenir une matière consistante.
Le point fort du métrage se situe dans l’interprétation : Anthony Bajon confirme son talent après le déjanté Teddy (où il se transformait en loup garou) et surtout le dernier « nouveau jeune acteur » explosif, j’ai nommé Raphaël Quénard. Son style iconoclaste, sa diction singulière, son air goguenard s’expriment pleinement ici (d’autant que c’est lui qui hérite de la quasi totalité des dialogues). Entre eux, une jolie révélation Galatea Beluggi campe la petite amie « fauteuse de troubles » malgré elle. Chien de la Casse a obtenu le César de la meilleure Première Oeuvre: une belle récompense tout de même un peu exagérée. Pour autant, on attend malgré tout le second film de Jean Christophe Durand, car son potentiel ne fait pas de doute.
ANNEE DE PRODUCTION 2023
