Quatre bons copains décident un week end de descendre une rivière assez dangereuse en canoé, dans une région sauvage de Géorgie. Ce qui devrait être une promenade agréable va en fait devenir le pire cauchemar de leur vie! Agressions, viol, meurtres, ils vont devoir affronter l’enfer…
Délivrance compte parmi les œuvres les plus malaisantes des années 70 , dans un Nouvel Hollywood en passe d’être dominé par l’arrivée simultanée de Coppola, Scorcese, Lucas et Spielberg. Réalisé par l’anglais John Boorman, le récit de cette odyssée infernale fait figure de conte glauque sur une violence cruelle perpétrée dans une forêt oubliée, longeant une rivière aux rapides dangereux. Filmé dans les décors naturels des Appalaches, le film heurte par des séquences vraiment dures, la plus célèbre étant celle du viol d’un des hommes de ce groupe d amis, pris pour cible par des autochtones dégénérés. Boorman veut démontrer que la Nature recèle et révèle des comportements d’une sauvagerie primaire, et même les victimes s’y adonnent pour leur permettre de survivre. Finalement, ces citoyens bien-pensants de la classe moyenne se rendent compte que loin de la civilisation, ils sont eux mêmes capables de tuer, dans le but de se défendre. De très belles images « adoucissent » paradoxalement la virée horrifique auquel on assiste et jusqu’au bout, on vit avec intensité le calvaire de ses protagonistes attaqués. Le scénario est certes celui d’un simple « survival » que la mise en scène maligne de Boorman transcende avec brio.
La distribution comprend deux têtes d’affiche confirmées avec John Voight, sacré star avec le sulfureux Macadam Cow Boy et Burt Reynolds au physique impressionnant. Pour son premier rôle a l’écran, Ned Beatty écope du personnage de Bobby, le pauvre petit gros victime du viol et tire son épingle du jeu. Le film constitue en soi une démythification de l’idéologie écologique qui ne cessait de prétendre que la Nature n’est que source de bien être et d’apaisement et qu’il faut à tout prix la préserver: ici elle est terrifiante, inhospitalière et la rivière turbulente sera le tombeau dans lequel les protagonistes devront enterrer leurs traumatismes et repartir vers leurs vies, rongés par leur secret. Comme dans Les Chiens de Paille de Peckinpah, Délivrance passe un cap décisif dans la représentation crue de la violence et laisse une empreinte indélébile.
ANNEE DE PRODUCTION 1972.