AccueilCritiquesPolicierEN TOUTE INNOCENCE

EN TOUTE INNOCENCE

Paul Duchène est à la tête d’un important cabinet d’architecte dans le Beaujolais, où travaillent également son fils Thomas, et la femme de ce dernier, Catherine. Tous semblent nager dans le bonheur le plus limpide jusqu’au jour où Paul surprend Catherine dans les bras de son amant, un autre de leurs employés. Dès lors, tout bascule…

Alain Jessua s’y entend parfaitement pour créer des ambiances anxiogènes dans un style bien à lui, on se souvient de son très réussi Traitement de Choc ou de l’inquiétant Les Chiens. Fustigeant les travers de notre société et ses dérives, Jessua s’est fait une place à part dans le cinéma français et confirme ce statut singulier avec ce long métrage adapté d’une série Noire d’André Lay, Suicide à l’amiable. L’affrontement larvé puis de plus en plus rude entre une jeune femme et son beau père part d’un secret de famille qu’ils tentent tous deux de dissimuler (l’infidélité de l’épouse dite modèle) et leurs relations vont passer du beau fixe au face à face redoutable. Jessua compose un drame psychologique vénéneux, mené avec maestria, dans une mise en scène feutrée, où l’on retrouve l’ombre d’Hitchcock et aussi un peu de Chabrol. La dissection de cette famille de province en apparence sans histoires rappelle évidemment les oeuvres de l’auteur du Boucher, avec peut être plus de perversion et moins d’humour. Décrivant des personnages tous aussi veules les uns que les autres (à part la gentille gouvernante incarnée par la délicieuse Suzanne Flon), le réalisateur pose les bases d’un thriller domestique féroce, installant peu à peu ses pièges et tout passe par les regards, les silences, les actions insidieuses, la haine qui se développe entre ce beau père buté et têtu et cette belle fille fière et cherchant à apaiser la tension en vain.

Il fallait pour rendre ce duel captivant deux grands comédiens et Jessua a eu le flair de réunir Michel Serrault et Nathalie Baye, pour la seule fois à l’écran. L’acteur génial de La Cage aux Folles se fond idéalement dans son rôle, aussi remarquable dans l’obstination inflexible que dans la comédie qu’il joue en « perdant volontairement » la parole. Elle, quelque part entre la femme fatale et la « voisine ordinaire », donne une interprétation pleine d’ambiguité, à tel point que l’on ne sait plus très bien quels sont ses intentions profondes. Unique petite déception: le final, que l’on ne dévoilera pas bien sûr, aurait pu être encore plus sombre et sûrement un poil plus complexe. La rencontre de ce duo inédit justifie à elle seule la vision de ce film inconfortable.

ANNEE DE PRODUCTION 1988.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Entre drame psychologique et thriller feutré, cette histoire de famille entretient un suspense malin et une réalisation tenue avec brio. Une fin un peu conventionnelle cependant. Serrault et Baye sont formidables.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Entre drame psychologique et thriller feutré, cette histoire de famille entretient un suspense malin et une réalisation tenue avec brio. Une fin un peu conventionnelle cependant. Serrault et Baye sont formidables.EN TOUTE INNOCENCE