Michel et Josepha sont en couple et tous deux comédiens abonnés aux seconds rôles, ne se produisant que dans des pièces qui ne font pas recette. Leur amour a longtemps été assez fort pour les maintenir à flot dans leur vie commune. Mais, après une liaison extra conjugale de Michel, Josepha perd confiance en lui et leur équilibre fragile s’effrite peu à peu…
Longtemps scénariste pour les autres, Christopher Franck a sauté le pas et réalisé son premier long métrage en s’inspirant d’un sujet qu’il connaissait de près: le milieu du théatre. Son intrigue dépeint plutôt très bien les gouffres et les pièges d’un métier où il est particulièrement difficile de briller, d’atteindre un sommet et surtout d’y rester. Il restitue les échecs, les moments de doute et les humiliations rencontrés par ces comédiens qui ne parviennent pas à percer, malgré leur talent et leur ambition. Entre salles vides, rôles misérables à tenir pour bouffer, et incertitude du lendemain, Franck parvient à nous faire rentrer dans cet univers impitoyable et cruel. C’est de loin la meilleure partie de son film, oscillant entre comédie et drame. Lorsqu’il s’appesantit en revanche sur les coucheries et les histoires de cul (plutôt banales) de son couple vedette, l’intérêt faiblit quelque peu. Parce que de ce point de vue là, les situations semblent avoir été déjà vues ailleurs et avec plus d’inventivité. Le trio vaudevillesque a pourtant de la gueule!
Josepha trouve son autre atout du côté des acteurs, avec un duo Miou Miou/Claude Brasseur, alors au top de leur carrière, et qui donne chair et profondeur à leur couple déclinant. Elle, partagée entre sa blessure d’amour trahi et son envie de prendre le large est vibrante d’intensité, lui se taille la part du lion entre douleur rentrée et ego brisé. Face à eux, un autre homme vient semer la discorde et il est joué par Bruno Cremer, élégant et toujours juste. La musique, composée par Georges Delerue, ajoute à l’ensemble une note mélancolique et sensible. Entre la description bien rendue des comédiens sans gloire et leurs amours adultères, on a donc bien compris ce qui vaut surtout le détour. Un bon film qui mérite de sortir de son relatif anonymat.
ANNEE DE PRODUCTION 1982.