Jean, professeur de géographie, a une vie bien mouvementée, tant au niveau professionnel que personnel. En effet, il se voit obligé de demander sa mutation pour avoir bousculé deux policiers et en plus, sa maîtresse le quitte. Il se retrouve donc seul avec sa fille Isabelle, une éternelle insatisfaite qui souhaite quitter au plus vite le foyer paternel.
Au début de la décennie 70, en France, la comédie de mœurs n’avait pas encore trouvé sa place jusqu’à ce que Claude Pinoteau, jeune réalisateur qui avait seulement signé un film Le Silencieux, bouscule cet état de fait avec son second long métrage, La Gifle. A la fois étude de la génération post soixante huitarde et portrait d’une adolescente aux portes de son passage à l’âge adulte, son scénario vise juste avec un entrain réjouissant et une vérité fort bien restituée. Pinoteau traite aussi du rapport père/fille avec une tendresse certaine et l’affrontement entre l’héroine Isabelle et son papa se suit avec plaisir,car il capte l’air du temps grâce à Jean Loup Dabadie (le scénariste). Il se penche autant sur les états d’âmes de la jeune fille que sur l’attitude déphasée du père. Chronique douce amère, La Gifle s’affiche comme le témoignage d’une époque, celle où la révolution sexuelle remplace l’esprit rétrograde et se heurte au conservatisme d’antan. Avec humour, le film prend le conflit des générations pour sujet central, comme le refera Pinoteau six ans plus tard avec La Boum.
Le film a acquis une notoriété définitive grâce à sa jeune interprète, toute droit sortie de la Comédie Française: Isabelle Adjani explose littéralement dans ce premier grand rôle au cinéma, après sa participation au Petit Bougnat. Elle se révèle tour a tour charmante, exaspérante, capricieuse, rebelle et surtout d’une énergie communicative. Bref, la naissance d’une star en puissance! Son prestigieux partenaire, Lino Ventura, n’en est pas relégué pour autant au second plan et incarne ce papa dépassé avec un naturel confondant. La présence d’Annie Girardot, arrivant tard dans la dernière partie, achève de rendre crédible cette famille désunie. Rythmé, percutant sur l’observation de la société française, et touchant dans sa vision sensible du mal être adolescent, La Gifle se trouve haut la main au panthéon de la comédie de mœurs, idéale pour toute la famille.
ANNEE DE PRODUCTION 1974 .
